Manger avec les mains, c’est permis

Droit des personnes malades

Initiatives

Date de rédaction :
28 juillet 2020

Dans le cadre de leur projet tutoré, quatre étudiants de 2ème année de DUT Génie biologique option diététique ont proposé à des personnes âgées dépendantes, notamment celles atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, qui n’ont plus la capacité de manger avec des couverts, de manger avec les mains. Les plats sont proposés sous forme de petites bouchées faciles à prendre. Les étudiants ont travaillé sur l’aspect organoleptique des mets proposés (couleur attrayante, texture, bonnes qualités gustatives) et sur l’aspect diététique (produits riches en protéines, en calcium et en fibres). Toutes les bouchées (gelée à la betterave, quenelles d’épinards, moelleux chocolat-butternut …) ont été préparées en travaux pratiques de technologies culinaires par l’ensemble des étudiants de la promotion. Après un premier test effectué dans la halle agroalimentaire de l’IUT (Institut universitaire de technologie) auprès de l’équipe de l’EHPAD Augustin Azémia d’Évreux, puis d’un second test auprès du grand public lors d’une journée portes ouvertes, les étudiants sont allés à la rencontre de résidents de l’EHPAD Augustin Azémia et de l’EHPAD voisin Villa La Providence pour leur proposer les bouchées. Les résidents et l’ensemble de l’équipe soignante ont été satisfaits des deux premières interventions. Les résidents ont exprimé un sentiment de joie et ont félicité les étudiants pour leur démarche. » C’est ludique, c’est facile, quand on a des troubles, ce sont des petites choses simples qui nous permettent de maintenir l’autonomie chez la personne âgée », déclare Manon Jocelyn, directrice de l’EHPAD Augustin Azémia. « À voir les résidents tendre leurs mains pour attraper qui une boulette de bœuf, qui une quenelle de carottes, on sent que le pari est gagné », observe Laurent Philippot, de France Bleu Normandie. « Ça fait super plaisir de les voir manger » disent en chœur les étudiantes, et même si une des résidentes trouve que les bouchées n’ont pas beaucoup de goût, elle n’arrête pas de piocher dans le plat pour se resservir. Stéphanie Guilhem, infirmière coordinatrice, explique : des troubles d’apraxie (difficulté à réaliser et à coordonner certains mouvements du quotidien, comme tenir une fourchette) entraînent parfois un refus de s’alimenter chez ces résidents, car ils ont peur du regard des autres quand ils mangent avec leurs mains. « Le projet de l’IUT nous renforce dans l’idée de proposer avec notre cuisinier des plats adaptés que les résidents pourront manger avec les doigts », témoigne-t-elle. Estelle, aide-soignante, observe : « la plupart du temps, ils sortent beaucoup plus rapidement de table, ou alors ils font des allers-retours. Ce jour-là, pour ce déjeuner avec les mains, les cinq convives sont restés presque une heure à table. Ils ont retrouvé le plaisir de manger, mais pas seulement : autour du gazpacho de tomates, la conversation s’engage sur des souvenirs de salade de tomates : « moi je la faisais avec de l’oignon » dit une résidente ; « moi avec de l’ail », lui répond sa voisine. Manger, c’est donc aussi une façon de stimuler la communication.

www.francebleu.fr/infos/sante-sciences/manger-avec-les-mains-a-l-ehpad-grace-aux-etudiants-en-dietetique-de-l-iut-d-evreux-1550267095, 4 mars 2019.