Maladie d’Alzheimer et aménagement de visites dans les lieux culturels
Interventions non médicamenteuses
Dans le cadre d’une politique d’ouverture des lieux culturels de la ville au handicap spécifique de la maladie d’Alzheimer, le centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) du CHU de Nice, en partenariat avec la mairie de Nice, développe un programme culturel intitulé Calman (culture, arts, loisirs pour les malades d’Alzheimer à Nice). Une série de visites a été aménagée dans une dizaine de lieux culturels niçois, afin de contribuer à l’insertion et à la participation sociale des personnes malades et de leurs proches. Les objectifs principaux de cette action sont de rendre accessibles les lieux culturels tout en véhiculant une image positive et déstigmatisante de la pathologie et éventuellement de favoriser un gain au plan cognitif, par un apprentissage en mémoire épisodique des informations liées à ces visites. L’accessibilité est mise en place dans plusieurs domaines : formation des médiateurs animateurs des visites, interactivité et adaptation des lieux et des situations aux troubles cognitifs et psycho-comportementaux. L’équipe du Professeur Philippe Robert, coordonnateur du CMRR publie une première évaluation de ce programme, portant sur onze personnes malades ayant des troubles cognitifs légers à modérés (score MMSE moyen 19.6). L’évaluation a été réalisée par une orthophoniste, deux neuropsychologues, une sociologue et deux psychiatres. Le nombre moyen de visites est de 3.3. L’équipe a utilisé un questionnaire de sept items portant sur les connaissances acquises au cours de la visite du lieu culturel, ainsi qu’un questionnaire de stigmatisation sociale, et un inventaire neuropsychiatrique. Les premiers résultats sont encourageants. 64% des personnes malades retiennent des connaissances acquises lors de leur visite (par exemple reconnaissance des œuvres commentées et évocation du lieu de la visite). De ces connaissances, 51% sont mémorisées un mois après le cycle de visites. L’analyse met en évidence une diminution du sentiment de stigmatisation sociale des aidants avant et après les visites. Les chercheurs constatent également une diminution des troubles de l’apathie, de l’irritabilité, de l’anxiété et du comportement moteur aberrant pendant les visites par rapport aux évaluations de l’aidant faites avant et après le cycle de visites. L’aménagement des visites (formation des médiateurs, choix d’un nombre d’œuvres limité, disposition des chaises…) peut être un élément favorable à la mémorisation des composantes de la situation (identification du lieu, reconnaissance des œuvres) et à la prévention des troubles du comportement.
Lafont V et al. Maladie d’Alzheimer et aménagement de visites dans les lieux culturels. Soins Gérontol 2015 ; 114 : 39-42. Juillet-août 2015. www.em-consulte.com/article/988791/article/maladie-d-alzheimer-et-amenagement-de-visites-dans.