Main-tenir
Interventions non médicamenteuses
Christine Bernard, cadre de santé kinésithérapeute et ergomotricienne, et Magali Fasas, art-thérapeute, présentent des petits exercices de thérapie manuelle que des personnes atteintes de maladie d’Alzheimer, ayant ou non des incapacités physiques, peuvent réaliser sur un mur, avec leurs mains. Suivre le contour d’une main avec un crayon, déplacer ses mains sur le mur, de façon libre ou guidée verbalement : les exercices permettent le travail de l’équilibre assis, l’orientation dans l’espace, le repère des couleurs, le repère des doigts, le travail en flexion ou en extension de la colonne vertébrale, l’entretien de la mobilité des articulations des doigts et des poignets, le travail de la motricité et de la sensibilité des mains. Pourquoi les mains ? Les expériences classiques du neurochirurgien canadien Wilder Penfield (1891-1976) sur l’anatomie fonctionnelle du cortex cérébral, représentées par l’ « homoncule moteur et sensitif », montrent que les surfaces du cortex ne sont pas proportionnelles à la taille de la partie du corps correspondante, mais plutôt à la complexité des mouvements que cette partie peut effectuer. Les surfaces allouées à la main et particulièrement au pouce ont une taille disproportionnée par rapport au reste du corps. C’est en effet la dextérité et la rapidité de mouvement des mains qui confèrent à l’être humain une de ses facultés les plus spécifiques : la capacité à utiliser des outils. « Le déclin cognitif, même s’il prend divers aspects, plonge inévitablement la personne dans un monde décalé où la vie et l’imaginaire s’appauvrissent, où le geste s’amoindrit, se transforme, détonne, se fourvoie » : dans ce monde décalé, « la main reste l’outil précieux de communication, de maintien, de soutien, d’expression psycho-comportementale. Elle permet de se repérer dans l’espace, de compenser un déficit visuel, de toucher, de parler, de se tenir, de se « main-tenir ».
Doc’Alzheimer, avril-mai-juin 2011.