L’urgence démocratique

Société inclusive

Date de rédaction :
01 août 2007

Vite, toujours plus vite, encore plus vite : le 3 septembre, Nicolas Sarkozy met en place la Commission Alzheimer, présidée par le professeur Ménard; le 21 septembre � dix-huit jours plus tard !- la Commission dépose ses « premières orientations »; le 1er novembre, – une course contre la montre de quarante-huit jours-, elle remet son rapport ; le 1er janvier, le nouveau plan (le troisième en six ans) entre en application (www.lefigaro.fr, http://tempsreel.nouvelobs.com, 4 septembre ; www.lemonde.fr, 27 août; www.agevillage.com, 20 août; Associated Press, La Tribune, 3 août ; www.newspress.fr, 31 juillet).
Une telle rapidité n’a été rendue possible que grâce à la conjonction de trois facteurs : la désignation d’un responsable à la compétence unanimement reconnue, le professeur Joël Ménard, ancien directeur général de la Santé ; la définition, dans sa lettre de mission, puis dans le discours de Nicolas Sarkozy du 3 septembre, de deux objectifs prioritaires, l’amélioration de la prise en charge et le développement de la recherche pour favoriser la découverte d’un diagnostic précoce « validé » et d’un traitement à l’efficacité indiscutable (Reuter, Le Monde, Les Echos, Le Point, 31 juillet; www.senioractu.com, 2 août ; www.agevillage.com, 20 août) ; le choix a priori d’un mode de financement clair, même s’il est souvent contesté, – une franchise de 0,50� par boîte de médicaments ou par acte paramédical, de deux euros pour les transports sanitaires, le tout devant rapporter 850 millions (La Tribune, 22 août ; Sud Ouest, 17 août ; www.senioractu.com, 2 août ; www.sante.gouv.fr, Le Figaro, Le Point, Associated Press, 31 juillet).
Personne ne nie, selon l’expression d’Etienne Hirsch, « l’urgence démocratique » d’un tel plan (Le Figaro, 2 août). Poser un diagnostic précoce permet de mettre en place une stratégie de prise en charge, mais on se heurte à l’absence d’un médicament pouvant bloquer la progression de la maladie, ainsi qu’à l’insuffisance des moyens en accueil de jour, en consultations mémoire, en personnel spécialisé dans les maisons de retraite (Jacques Touchon, www.journal-lamarseillaise.com, 10 août), ce que confirme tout à fait Arlette Meyrieux, présidente de France Alzheimer (www.lemonde.fr, 30 juillet). Il nous faut, plus que jamais, promouvoir « une autre culture de la solidarité » (Etienne Hirsch, op.cit.). Toutes objections que Nicolas Sarkozy semble intégrer dans son discours d’intronisation de la Commission Ménard, quand il insiste fortement sur la nécessité d’évaluer en permanence la qualité de la prise en charge et de développer les « nouveaux métiers nécessaires à la satisfaction des nouveaux besoins » (www.elysee.fr, 4 septembre).
Néanmoins certaines des modalités choisies par le chef de l’Etat soulèvent parfois des oppositions ou des réticences. Avec le système des franchises médicales, affirment certaines associations familiales, « le principe de la solidarité nationale, un des principes fondamentaux de la Sécurité sociale, est brisé entre les bien portants et les malades, puisque ce sont ces derniers qui, une fois de plus, doivent payer ». (www.lemonde.fr, 2 août ; www.focus-info.eu, 31 juillet). Les plus pauvres seraient dissuadés d’aller consulter. Or il serait impossible de moduler la franchise en fonction des revenus, puisque l’assurance maladie ne dispose pas de ce type de données (La Tribune, 6 août ; Le Point, 20 juillet). Jean-Pierre Davant, président de la Mutualité française, et Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force Ouvrière, préféreraient donc carrément un financement par l’impôt (Les Echos, 27 août ; Le Monde, 3 août ; Challenges, 1er août).
Au même moment, un certain nombre de pays semblent, eux aussi, trouver que le temps est venu de mener une grande politique nationale de lutte contre la maladie d’Alzheimer : le Royaume Uni lance sa National Dementia Strategy (www.gnn.gov.uk, 6 août), le Sénat américain adopte l’Alzheimer’s Breakthrough Act (Family Caregiver Alliance, 8 août), le Japon se fixe l’objectif de produire un médicament efficace dans les dix ans et développe un plan en quatre volets : prévention, diagnostic précoce, traitement et accompagnement (The Yomiuri Shimbun, 27 août).
Certes on peut s’interroger, comme Pascal Champvert, de la Fédération nationale des associations de personnes âgées en établissement et de leurs familles : les 850 millions collectés grâce aux franchises suffiront-ils ? (Les Echos, 27 août, 1er août et 31 juillet ; www.agevillage.com, 27 et 20 août). Mais, comme le rappelle Nicolas Sarkozy, « c’est l’honneur d’une civilisation d’aider ceux que la maladie détruit à petit feu (�) Changer notre regard et nos mots, c’est en soi un soutien et une aide pour les malades. » (www.elysee.fr, 4 septembre).

Jacques Frémontier
Journaliste bénévole