Lumière du jour : quel effet ? (1)

Innovation

Date de rédaction :
21 août 2020

L’alternance de la lumière et de l’obscurité (jour-nuit) perçue par le fond de l’œil règle l’heure de notre horloge biologique, et nous synchronise sur l’heure locale sur Terre, rappelle Mariana Figueiro, du centre de recherche sur l’éclairage à l’Institut polytechnique Rensselaer (Troy, New York, Etats-Unis). La perte de cette synchronisation, ou rupture circadienne, induit troubles du sommeil, dépression et anxiété. Chez les personnes âgées, y compris celles atteintes de troubles cognitifs, l’activité neuronale de l’horloge biologique peut être réduite ; ceci s’ajoute à la perte de la lumière due aux modifications biologiques de l’œil vieillissant (cataracte…). Les caractéristiques de l’éclairage requises pour affecter le système circadien sont différentes de celles qui affectent la vision. Le système circadien est un détecteur de « ciel bleu » (lumière du jour) et demande davantage de lumière que celle requise pour la visibilité. Les troubles du cycle circadien induisent des cycles activité-repos fragmentés, ce qui provoque des assoupissements plus fréquents pendant la journée et réduisent la consolidation du sommeil la nuit, ce qui accroît l’irritabilité et les symptômes dépressifs. Les personnes âgées passent souvent leur temps d’éveil dans une lumière faible et constante. Une luminothérapie délivrant une stimulation circadienne élevée (plus de 400 lux de lumière bleue-blanche au niveau de l’œil) et une stimulation circadienne faible (moins de 50 lux d’une lumière jaune-blanche) peuvent délivrer une alternance robuste de lumière et d’obscurité. Au minimum, il faut une haute intensité lumineuse pendant au moins 2 heures le matin (par exemple, en faisant asseoir les personnes dehors ou à côté d’une fenêtre pour accroître la stimulation circadienne). Le sommeil doit avoir lieu dans l’obscurité ; des ampoules électriques délivrant une lumière de faible intensité et chaude doivent être utilisées pour faciliter l’orientation vers les toilettes. Un éclairage délivrant une stimulation circadienne élevée doit être installé dans les espaces de vie durant la journée, habituellement les espaces communs ou les salles à manger. Mariana Figueiro et ses collègues ont testé ce système d’éclairage auprès de 43 résidents de 10 maisons de retraite pendant 4 semaines (étude à court terme) et de 37 résidents pendant 6 mois (étude à long terme), avec un stimulus circadien élevé ou faible. Le stimulus circadien est caractérisé par la capacité de la source lumineuse à supprimer la production de mélatonine après une heure d’exposition. La lumière est délivrée soit par une table lumineuse, soit par l’éclairage de la pièce, selon le lieu où se tient le résident la plupart du temps. La mesure de l’intensité lumineuse se fait à hauteur des yeux. Les participants exposés au stimulus circadien élevé montrent une réduction significative des troubles du sommeil, de la dépression et de l’agitation. Ces effets positifs continuent et sont augmentés dans l’étude à long terme.

www.sciencedaily.com/releases/2018/07/180724110043.htm, 24 juillet 2018.

http://luxreview.com/article/2018/06/right-lighting-boosts-sleep-for-alzheimer-s-patients, 5 juin 2018. Figueiro MG. Light, sleep and circadian rhythms in older adults with Alzheimer’s disease and related dementias. Neurodegener Dis Manag 2017; 7(2): 119-145. Mai 2017. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5836917/pdf/nmt-07-119.pdf (texte intégral).