L’offre de demain, entre domicile et établissement

Droit des personnes malades

Politiques

Date de rédaction :
27 juillet 2020

Le groupe de travail présidé par Anne Burstin, directrice générale de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, et Marc Bourquin, conseiller stratégique à la Fédération hospitalière de France, rappelle que, malgré la préférence affichée par les Français pour le maintien à domicile, le taux d’institutionnalisation en EHPAD est, en France, un des plus élevés d’Europe. Malgré un contexte de création rapide de places depuis 15 ans, d’augmentation des moyens alloués ou d’élévation du niveau de formation des personnels, jamais les EHPAD n’ont eu aussi mauvaise presse. Si le taux d’institutionnalisation devait rester celui qu’il est aujourd’hui, il faudrait construire plus de 8 000 lits par an jusqu’en 2030 et près de 15 000 lits par an après 2030. Ce rythme est impossible à tenir. Le groupe identifie 3 priorités : le soutien à domicile, tant que c’est le choix de la personne et que ce choix est soutenable, financièrement et humainement ; le développement d’alternatives au domicile stricto sensu via des formules d’habitat groupé ; l’amélioration de l’accueil en EHPAD, même si cette solution ne sera peut-être pas celle qui sera privilégiée par les générations suivantes. Le groupe se prononce pour un développement modéré de l’offre d’hébergement dans les prochaines années : les EHPAD se concentreront sur les personnes atteintes de maladies neurodégénératives et de grande dépendance, les autres personnes choisiront des formes alternatives d’habitat. Le groupe de travail imagine deux types de solutions : des structures d’« EHPAD hors les murs » proposant des services polyvalents à domicile, et un regroupement de services qui garderaient leur indépendance mais s’organiseraient en plateformes permettant de faire l’interface avec les usagers. Par ailleurs, constatant que les grands réseaux privés d’EHPAD, commerciaux ou associatifs, se structurent efficacement, le groupe de travail propose de regrouper également les EHPAD publics, qui représentent aujourd’hui la moitié des places d’hébergement. Le rapport prône enfin d’autres formes d’organisation des professionnels à domicile, mettant en avant l’expérience néerlandaise Buurtzorg, une entreprise de soins de proximité gérée entièrement par de petites équipes de 8 à 12 infirmières généralistes, à une échelle locale, décisionnaires sur leur zone d’exercice sans cadres intermédiaires, et disposant d’un système d’information partagé. Douze ans après sa création, Buurtzorg a conquis 20 % du marché des soins à domicile aux Pays-Bas, emploie 100 000 salariés et réalise 400 millions de chiffre d’affaires.

Mensuel des maisons de retraite, février 2019.