Les résidences autonomies : un lieu privilégié mais négligé pour la prévention secondaire dans le vieillissement
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La prévention se développe dans le domaine du vieillissement avec des travaux convaincants sur l’efficacité des actions préventives dans le domaine des chutes, des fractures, du diabète et des maladies cardiovasculaires, rappelle l’équipe du Pr Jean-François Dartigues, du centre de recherche en santé des populations de l’Université de Bordeaux (INSERM UMR 1219). La prévention peut être primaire, s’adressant à toute la population âgée, voire à l’ensemble de la population générale, ou secondaire, visant les personnes présentant une première manifestation liée au vieillissement (chutes, troubles cognitifs, dépression, polymédication, malnutrition…). Les résidences autonomie pourraient être un lieu privilégié pour des actions de prévention secondaire, comme le préconise la loi 2015-1776 du 28 décembre 2015 relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Les raisons qui poussent les personnes à entrer dans ces établissements sont essentiellement liées à un isolement, une dépendance débutante dans les activités de la vie quotidienne ou d’autres manifestations du vieillissement. Ces résidences concentrent un grand nombre de personnes éligibles à des actions de prévention secondaire. De nombreux essais d’intervention ont été menés dans ce type de résidence dans le monde (independent living communities). L’équipe de Jean-François Dartigues, a utilisé les données de suivi à 10 ans de la cohorte des Trois-Cités à Bordeaux, portant sur 1214 personnes de 75 ans et plus, dont 88 % vivant à domicile et 4 % en résidence autonomie. La prévalence de 5 des 9 syndromes gériatriques est beaucoup plus importante en résidence autonomie qu’au domicile : fragilité (36,1 % vs 17,8 %) ; polymédication (83,7 % vs 49,6 %) ; isolement (83,7 % vs 49,6 %) ; chutes (51,2 % vs 37,2 %) ; confinement (60,5 %vs 25,5 %). La prévalence de la maigreur (17,3 % vs 11,3 %) et des déficiences auditives (45,2 % vs 43,1 %) est équivalente et la fréquence des déficiences visuelles dans la vision de près est plus importante à domicile (46,1 % vs 34,1 %). L’étude d’intervention montre qu’un atelier unique d’information sur la vue, l’audition et l’état dentaire n’a pas d’impact sur la prévention secondaire dans ces domaines.
Letenneur L et al. Les résidences autonomies : un lieu privilégié mais négligé pour la prévention secondaire dans le vieillissement. Rev Gériatr 2019 ; 44(6) : 327-333. Juin 2019. www.revuedegeriatrie.fr/index.php.