Les Nœuds au mouchoir, de Denis Chérer
Société inclusive
Faire rire de la maladie d’Alzheimer ? Denis Chérer [Charly dans Plus belle la vie], a mis en scène l’histoire de sa propre mère, jouée par Anémone. « L’humour est une arme et un pied de nez à cette maladie qui touche des personnes de plus en plus jeunes », dit-il. « On a vécu ça avec mon frère (Pierre-Jean Chérer qui joue aussi dans la pièce) et puis j’ai écrit des petites notes avec des répliques de ma mère qu’on trouvait marrantes. Un jour, je me suis dit que j’allais en faire une pièce. Je suis parti de faits réels et j’ai fabriqué des personnages fictifs. Toutefois, ce qui est raconté dans Les Nœuds au mouchoir est à 80% autobiographique. J’ai souhaité toucher les gens par le rire à un stade de la maladie où on peut encore se marrer, c’est-à-dire juste le moment où la personne commence à perdre la boule. Six mois après ce stade de la maladie, j’aurais pu écrire un drame sur ce sujet. » Cette pièce était un pari loin d’être gagné. « J’ai écrit la pièce il y a bientôt sept ans et j’ai eu beaucoup de mal à la monter, à rencontrer les bonnes personnes qui voulaient bien croire à ce projet. Au début, on me disait qu’il ne fallait pas faire rire avec un tel sujet, que les gens n’avaient pas envie de venir au théâtre pour voir autre chose que des couples qui se déchirent. Finalement, le public est là et réagit très bien ! Tout ce que m’a dit le microcosme bien-pensant du théâtre parisien s’avère être totalement faux et c’est tant mieux. Mon père est décédé en 2008 et ma mère en 2009. J’aurais aimé qu’ils voient ça. Quand je joue la pièce et que je vois son succès, j’ai encore plus de regrets qu’ils ne soient pas là. » Cette comédie est « une façon d’exorciser la chose. Ça me faisait du bien de raconter ça plutôt que de la garder pour moi. Mon frère m’a encouragé pour monter cette pièce même s’il a eu peut-être plus de mal à faire la part des choses au début des lectures. Le rire, c’est vraiment une arme. »