Les franchises vont-elles responsabiliser les malades ?

Droit des personnes malades

Date de rédaction :
01 janvier 2008

 Pour Claude Le Pen, professeur d’économie de la santé à l’Université Paris Dauphine, l’idée que les soins sont entièrement gratuits tend à occulter la réalité du financement collectif. L’effet vertueux de la gratuité est d’amener aux soins des individus qui en seraient exclus par manque de moyens. A contrario, la gratuité entraîne, ou risque d’entraîner, l’adoption de comportements peu responsables du patient ou du médecin, qui génèrent une surconsommation et nuisent aux finances de l’Assurance-maladie. Didier Tabuteau, responsable de la chaire santé à Sciences-Po Paris et professeur associé à l’Université Paris Descartes, doute de l’effet responsabilisateur de la franchise médicale car l’accès aux soins dépend du reste à charge que l’assuré doit assumer : lorsque ce montant s’accroît, le malade hésite d’autant plus à recourir aux soins primaires ou aux actes de prévention qu’il dispose de ressources limitées, avec le risque de voir sa pathologie s’aggraver, pour un coût finalement supérieur à ce qu’il aurait été si la prise en charge avait été précoce. Pour L’Humanité, le dispositif des franchises possède une dimension idéologique et ne répond à aucune logique de responsabilisation des malades, laquelle supposerait d’investir dans l’éducation à la santé et la prévention.
 60 millions de consommateurs, décembre 2007. www.humanite.fr , 2 janvier 2008.