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Le projet EU-FINGERS : établir la prochaine génération d’essais sur la maladie d’Alzheimer
L’équipe des essais FINGER en Europe comprend 7 pays (Suède, Finlande, Pays-Bas, Espagne, Allemagne, Hongrie et Luxembourg), 11 partenaires et cumule plus de 20 ans d’expérience. Alzheimer Europe, au Luxembourg, en assure la fonction de plaidoyer.
FINGER était un programme d’interventions multi-domaines de deux ans concernant 1 260 personnes de 60 à 77 ans, complété d’un suivi de 11 ans. Les résultats ont montré 20 % de risque cardiovasculaire en moins, 30 % de risque de déclin fonctionnel en moins, 60 % de risque de maladie chronique en moins ainsi qu’une meilleure qualité de vie liée à la santé, un recours et des coûts de soins de santé diminués.
La mission de EU-FINGERS est de développer, tester et valider des méthodes et des outils permettant la réalisation de la prévention de la maladie d’Alzheimer par l’intermédiaire d’un programme d’interventions multi-domaines médicamenteux ou non médicamenteux. Il s’agit d’étendre le modèle FINGERS à l’Europe et de permettre à une nouvelle génération d’essais cliniques de trouver des programmes d’interventions multi-domaines efficaces pour la santé du cerveau.
Il s’agit de développer de nouveaux outils permettant de repérer de manière précoce les personnes à risque de développer une pathologie cérébrale et d’avoir un déclin cognitif. De nouveaux protocoles combinent le mode de vie avec la prise de médicaments. C’est le programme MET-FINGERS et le programme néerlandais Fingernl mocia.
La création de registres en ligne s’informant les uns les autres sur les programmes de prévention permet d’améliorer les stratégies de recrutement de participants aux études.
Les outils comprennent également des recommandations pour les cliniciens sur comment mieux informer les personnes n’ayant pas de trouble de la mémoire sur les résultats de tests médicaux sur la maladie d’Alzheimer, comment mieux autonomiser ces personnes sans trouble de la mémoire et les faire participer à un plan de prévention individualisé.
L’étude World Wide FINGERS-SARS CoV2 a montré pendant la pandémie : une diminution de 38 % de l’activité physique, une augmentation de l’alimentation non saine de 29 %, une augmentation des troubles du sommeil de 34 % et une augmentation du sentiment de solitude de 39 %.
Protocole MET-FINGER mis à jour combinant les changements de mode de vie et le médicament Metformine comme moyen de prévention des troubles cognitifs
L’association de FINGERS avec des médicaments modificateurs de la maladie constitue une approche préventive de précision : les bonnes interventions à la bonne personne au bon moment. La metformine est un antidiabétique oral. Son association à FINGER s’explique par de multiples liens entre diabète (metformine) et maladie d’Alzheimer, par son action neuroprotectrice et par sa capacité à traverser la barrière hémato-méningée… L’étude MET-FINGERS s’appuie sur une randomisation de 1 pour 1 dans chaque groupe : un groupe contrôle et un groupe avec un programme d’interventions multi-domaines + metformine (avec un sous-groupe avec des interventions multi-domaines seules). Le recrutement à la date du 30 septembre 2023 : 1 620 personnes ont été conviées à participer à l’étude, 107 étaient finalement éligibles et seulement 6 ont été retenues.
La santé sociale : une nouvelle approche pour la prévention et l’accompagnement des troubles cognitifs ?
Le caractère multifactoriel des troubles neurocognitifs comme la maladie d’Alzheimer se comprend par l’interaction de prédispositions génétiques et de facteurs environnementaux tout au long de la vie et nous encourage à explorer de nouvelles approches pour comprendre leurs mécanismes d’apparition. La santé sociale pourrait jouer un rôle dans le déclin cognitif et dans la démence.
Les auteurs proposent de développer un cadre conceptuel pour décrire ce qui constitue la santé sociale. Ce projet s’intègre dans le projet SHARED (Social Health And Reserve in the Dementia patient) initié par le réseau INTERDEM, réseau européen de chercheurs et financé dans le cadre du JPND (Joint Program Neurodegenerative Diseases). Ce projet implique plusieurs études dans le but de comprendre l’interaction entre la santé sociale et les facteurs biologiques et psychologiques.
Les auteurs s’appuient sur le modèle des réseaux sociaux et l’hypothèse de la réserve cognitive. Le modèles des réseaux sociaux repose sur l’hypothèse que les caractéristiques et le fonctionnement de l’environnement social d’un individu peuvent influencer son état de santé. L’hypothèse de la réserve cognitive reflète la capacité d’adaptation du cerveau à maintenir les capacités cognitives ou les fonctions quotidiennes malgré le vieillissement du cerveau, les pathologies ou les lésions. Ces deux modèles montrent que l’individu et l’environnement social jouent tous deux un rôle actif. La conceptualisation de la santé sociale inclut à la fois un niveau individuel et un niveau environnement social.
Les auteurs font référence à Huber et al (2011) qui décrit la santé sociale comme une balance dynamique entre les capacités et les limitations, déterminée par la capacité de chacun à s’adapter et à s’autogérer face aux défis. Ils distinguent la capacité de réaliser son potentiel et ses obligations (exigences sociales) ; la capacité à gérer sa vie avec un certain degré d’indépendance (agir selon sa propre volonté, en suivant ses propres normes et habitudes dans une certaine mesure) ; et la capacité de participer activement à des activités sociales. Le niveau environnemental se compose de trois domaines : la structure (liens sociaux entre les personnes dans les différents réseaux sociaux) ; la fonction (échanges réels entre les membres du réseau tels que le soutien émotionnel et l’aide instrumentale) ; et l’appréciation (évaluation de la qualité des relations).
La grande nouveauté de ce cadre conceptuel est qu’il met l’accent sur le fait que dans le cas de la démence, le fonctionnement d’un individu ne dépend pas seulement de ses propres capacités. Le comportement de son environnement social, qui peut le soutenir mais aussi l’empêcher d’utiliser ses capacités, peut être tout aussi important. En effet, certains facteurs tels que la fréquence des contacts sociaux, être marié, l’engagement social, le soutien social de ses proches, le réseau social et les activités sociales sont associés à un meilleur fonctionnement cognitif, au maintien des fonctions cognitives dans le vieillissement et à une probabilité plus faible de développer une démence. Au contraire, la combinaison de certains marqueurs tels que l’isolement social, le fait de vivre seul, le sentiment de ne pas pouvoir aider les autres, une participation sociale limitée et le fait de ne pas parler aux autres tous les jours, est associée au développement de la démence et à une réduction des fonctions cognitives.
La santé sociale est à penser comme un moteur à l’utilisation de la réserve cognitive par l’activation et l’utilisation des ressources sociales des individus et qu’une pauvre santé sociale peut avoir une influence substantielle négative sur le déclin cognitif et sur l’apparition de la démence. Bien que les auteurs se concentrent sur l’apparition de la démence, ils reconnaissent le rôle important de la santé sociale dans la vie avec la démence. L’objectif ultime est d’aborder les risques sociaux modifiables pour la santé et les facteurs de protection dans le cadre d’interventions préventives. Les interventions au niveau de la santé publique peuvent sensibiliser à l’importance de la participation sociale pour la santé cérébrale. De plus, promouvoir la santé sociale favorise l’inclusion sociale des personnes malades et contribuent à briser les idées reçues et la stigmatisation associées à la maladie, ce qui contribue au bien-être des personnes malades.
Le rôle de la nutrition dans la prévention des troubles neurocognitifs
De nouvelles études suggèrent un rôle potentiel de la nutrition dans la prévention de la démence. Traditionnellement, des nutriments ou des aliments individuels ont été étudiés, alors que plus récemment, l’attention s’est portée sur des approches plus holistiques telles que les modèles alimentaires. Dans l’ensemble, la littérature sur la nutrition et la cognition est assez contradictoire, les associations de protection contre la démence les plus prometteuses étant rapportées pour un modèle alimentaire de type méditerranéen. La plupart des données proviennent d’études épidémiologiques observationnelles, tandis que les interventions nutritionnelles expérimentales randomisées de type essai clinique sont relativement rares. En outre, la littérature actuelle sur l’association entre la nutrition et la fonction cognitive s’est principalement concentrée sur l’apport alimentaire quotidien total, alors qu’elle s’est beaucoup moins intéressée au moment de l’apport, c’est-à-dire à la répartition de l’apport tout au long de la journée et/ou lors d’occasions de manger spécifiques. Ce domaine de la chrononutrition suscite un intérêt croissant. Il s’agit d’un domaine de recherche émergent qui révèle des informations importantes sur la manière dont le moment des repas et les habitudes alimentaires en général peuvent avoir un impact sur les fonctions cognitives chez l’homme. Enfin, la plupart des approches ont utilisé une stratégie unique, ignorant l’hétérogénéité naturelle des réponses métaboliques et neurobiologiques à l’alimentation. Une approche nutritionnelle individualisée pourrait constituer la prochaine étape dans nos efforts pour concevoir des stratégies préventives efficaces contre le déclin cognitif et la démence.
Les facteurs diététiques [vitamines B (B6, B12) et folates), anti-oxydants, vitamine D, lipides (cholestérol), alcool, caféine…] interviennent sur les mécanismes cérébrovasculaires, l’agrégation bête-amyloïde, la neurodégénérescence, le stress oxydatif, l’inflammation, les dysfonctions synaptiques etc. et donc ont un effet sur la mémoire, les fonctions exécutives, le langage, l’attention, la fonction visuo-spatiale… De nombreuses études observationnelles ont porté sur le régime méditerranéen et beaucoup moins sur le régime DASH et le régime MIND (méditerranéen + DASH).
L’étude PREDIMED-NAVARRA (2013) a porté sur 522 participants à haut risque vasculaire (44,6 % d’hommes, 74,6 ± 5,7 ans au moment de l’évaluation cognitive), à un essai multicentrique randomisé de prévention primaire, après une intervention nutritionnelle comparant deux régimes méditerranéens complétés soit par de l’huile d’olive extra-vierge soit par des noix, à un régime témoin pauvre en graisses. Les performances cognitives globales ont été évaluées après 6,5 ans d’intervention nutritionnelle à partir du Mini-Mental State Examination (MMSE) et du test de l’horloge. Après ajustement pour le sexe, l’âge, l’éducation, le génotype de l’apolipoprotéine E, les antécédents familiaux de troubles cognitifs/démence, le tabagisme, l’activité physique, l’indice de masse corporelle, l’hypertension, la dyslipidémie, le diabète, l’alcool et l’apport énergétique total, ceux ayant suivi le régime méditerranée avec l’ajout d’huile d’olive ont obtenu des scores moyens plus élevés au MMSE et au test de l’horloge avec des différences significatives par rapport au groupe témoin (régime pauvre en graisses).
Les facteurs environnementaux et la pollution de l’air en tant que facteurs de risque de démence
Les études épidémiologiques démontrent que « la vie dans des zones fortement polluées est liée à une incidence accrue des troubles cognitifs et du risque de maladie neurodégénérative rappelle le Pr Katja Kanninen. De nouvelles données indiquent que l’exposition à des toxines environnementales tels que les polluants atmosphériques nuit à la santé du cerveau et est associée au déclin cognitif et à la démence. La pollution atmosphérique a récemment été ajoutée à la liste des facteurs de risque modifiables de la démence par la commission du Lancet, et un nombre croissant de preuves issues d’études expérimentales montrent que l’exposition aux polluants atmosphériques altère le cerveau.
Différentes études épidémiologiques aux modèles animaux, en passant par des analyses cellulaires et moléculaires approfondies ont montré que vivre dans une zone très polluée était associé à une incidence augmentée de déclin cognitif et un risque augmenté de survenue d’une maladie neurodégénérative. L’exposition à l’air pollué exacerbe le mécanisme de survenue de la maladie d’Alzheimer (accumulation de protéines β-amyloïde au niveau du bulbe olfactif). Une atrophie du cerveau est observée dans les IRM des personnes exposées à un haut niveau de pollution. Des observations chez l’animal ont montré que les polluants ont un effet sur le niveau d’inflammation et favorisaient le développement d’une pathologie proche de la maladie d’Alzheimer. Cependant, les mécanismes reliant la pollution aérienne à la maladie d’Alzheimer sont encore peu compris.
D’autres travaux se sont intéressés à une porte d’entrée particulière : la connexion entre le nez et le cerveau. Les particules en suspension inhalées sont fixées par les cellules de la muqueuse olfactive et provoquent des réponses cellulaires : stress oxydatif, inflammation… Ce qui induit une diminution de la barrière épithéliale olfactive, une réduction de l’activité métabolique cellulaire, des altérations des mitochondries… Ces effets sont plus prononcés avec du diesel à forte teneur en aromatiques.
Prévention de la démence dans les consultations mémoire : recommandations de la task force européenne
Le vieillissement de la population au cours des prochaines décennies exige des efforts délibérés pour réduire encore la prévalence de la démence et le fardeau qu’elle représente pour la société. Des données de plus en plus nombreuses confirment l’efficacité des interventions préventives sur les personnes dont la cognition est intacte et qui présentent un risque élevé de démence. La prévention de la démence est actuellement effectuée soit trop tôt (prévention primaire dans la population générale), soit trop tard (prévention tertiaire chez les personnes déjà atteintes de démence).
Un groupe de travail européen a résumé les données disponibles dans le domaine de la prévention secondaire, c’est-à-dire chez les personnes qui ne sont pas atteintes de démence mais qui présentent un risque plus élevé de le devenir. Des procédures ont été élaborées pour l’évaluation, la communication et la réduction du risque de démence, ainsi que pour l’amélioration cognitive tout en soulignant que ces procédures devraient être mises en œuvre dans le cadre de services ad hoc appelés “services de santé cérébrale” pour la prévention de la démence.