Les effets neurologiques à long terme du covid-19 : les mécanismes biologiques

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
26 février 2021

De nombreux neurologues s’inquiètent des effets à long terme du Covid-19 sur le cerveau et de l’importance du nombre de personnes qui seront concernées à l’avenir par ces séquelles dans le monde entier. Les effets les plus connus sont des troubles de la mémoire qui réduit les capacités à réaliser les activités de la vie quotidienne, la difficulté à organiser les tâches, comme se préparer à manger. Quels sont les mécanismes biologiques en jeu ? Sarah Friedrich et ses collègues, du centre médical de l’Université du Texas, évoque le large spectre pathologique du virus SARS-CoV-2 : la démyélination retardée parainfectieuse [destruction des gaines protectrices entourant les fibres nerveuses], les lésions axonales [destruction des fibres conduisant l’influx nerveux]] , l’invasion virale, la réponse inflammatoire hyperactive, les dysfonctionnements de la paroi interne des vaisseaux sanguins. Scott Miners et ses collègues, du groupe de recherche sur la maladie d’Alzheimer de l’Université de Bristol (Royaume-Uni), soulignent que si le covid-19 est d’abord une maladie des voies respiratoires, jusqu’à deux tiers des patients hospitalisés présentent des lésions du système nerveux central, essentiellement des ischémies (diminution de l’apport sanguin artériel au cerveau), parfois des hémorragies et occasionnellement des encéphalites. La substance blanche du cerveau, qui joue un rôle important dans la fonction cognitive, est particulièrement vulnérable aux lésions ischémiques. L’hypoperfusion accélère l’accumulation cérébrale de dépôts de protéines impliquées dans plusieurs maladies neurodégénératives (maladie d’Alzheimer, démence fronto-temporale, démence à corps de Lewy, maladie de Parkinson, sclérose latérale amyotrophique, etc.). Par ailleurs, les personnes porteuses du gène ApoEε4 (facteur de prédisposition génétique de la maladie d’Alzheimer, codant pour une protéine de transport du cholestérol), pourraient présenter un risque accru de formes graves du covid-19.

Aux Etats-Unis, Carrie Arnold, de la revue Nature, souligne que le syndrome confusionnel, qui touche 28 % des patients atteints de covid-19 hospitalisés en urgence, est associé à un risque accru de maladie d’Alzheimer.

www.npr.org/sections/health-shots/2021/01/05/953705563/how-covid-19-attacks-the-brain-and-may-cause-lasting-damage, 5 janvier 2021.

Arnold C. Could covid delirium bring on dementia? Nature, 2 décembre 2020. www.nature.com/articles/d41586-020-03360-8 (texte intégral).

Friedrich S. Neurological infections in 2020: Covid-19 takes centre stage. Lancet Neurol, 1er janvier 2021. www.thelancet.com/journals/laneur/article/PIIS1474-4422(20)30451-8/fulltext (texte intégral).

Miners S et al. Cognitive impact of Covid-19: looking beyond the short-term. Alz Res Ther 2020; 12:170. Décembre 2020. https://alzres.biomedcentral.com/track/pdf/10.1186/s13195-020-00744-w.pdf (texte intégral).