Les effets du jeu
Interventions non médicamenteuses
« Les supports ludiques disponibles dans les unités Alzheimer sont très souvent mis à mal face aux compétences de plus en plus réduites des résidents. La peur de l’infantilisation, la difficulté à trouver des objets adaptés et le manque de formation des professionnels ne permettent pas de faire évoluer les supports dans le but de rendre les séances de jeu plus efficientes », écrit Cédric Gueyraud, doctorant en sciences de l’éducation à l’Université Lumière-Lyon-2. « Il est aussi parfois difficile de se dégager des représentations du jeu, considéré comme une activité futile et puérile. Par ailleurs, la volonté de soigner et de préserver les compétences des résidents détourne souvent le professionnel de l’objectif premier de l’activité ludique : le plaisir. » Une étude randomisée, coordonnée par le Pr Pierre Krolak-Salmon, responsable du centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) de Lyon, a inclus cinquante-quatre personnes, âgées en moyenne de quatre-vingt-six ans et vivant dans six unités Alzheimer du groupe Korian. Par rapport au groupe témoin, les chercheurs observent une amélioration significative de la qualité de vie (échelle ADQRL, spécifique de la maladie d’Alzheimer), des troubles du comportement de chaque résident jugés les plus gênants selon les soignants (score de 1 à 10), et du bien-être (échelle EVIBE, avec auto-évaluation par le résident s’il en est capable ou sinon par un psychologue). « Le cadre ludique semble permettre une amélioration de la communication non verbale et offre un espoir d’amélioration de leur qualité de vie », écrivent les auteurs, « et favoriserait un accompagnement de la résilience du sujet âgé atteint de maladie d’Alzheimer. » Cédric Gueyraud est lauréat d’une bourse doctorale de la Fondation Médéric Alzheimer.
Par rapport à une stimulation cognitive conventionnelle, la stimulation cognitive par des activités ludiques diminue la plainte mnésique et améliore les capacités de stockage et de mise à jour de la mémoire de travail [capacité à retenir des informations pendant quelques secondes ou quelques minutes] et la vitesse de traitement des informations, montrent Élisabeth Grimaud et ses collègues, du centre de recherches sur la cognition et l’apprentissage de l’Université François-Rabelais de Tours et de l’Université de Poitiers, (UMR-CNRS 7295), dans une étude portant sur soixante-sept personnes âgées de plus de soixante ans.
Gueyraud C. Démence et thérapeutique non médicamenteuse : efficacité du cadre ludique. Soins Gérontologie 2017 ; 22(125) : 23-26. Mai-juin 2017. http://www.em-consulte.com/article/1122436/article/demence-et-therapeutique-non-medicamenteuse-effica. Grimaud E et al. Stimulation cognitive chez les adultes âgés : comparaison d’une méthode de stimulation par les activités de loisirs et d’une méthode de stimulation conventionnelle. Gériatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2017 ; 15(2) : 214-223. www.jle.com/fr/revues/gpn/e-docs/stimulation_cognitive_chez_les_adultes_ages_comparaison_dune_methode_de_stimulation_par_les_activites_de_loisirs_et_dune_methode_de_stimulation_conventionnelle_309853/article.phtml.