Les données de masse dans la recherche sur la démence : pour une science citoyenne
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Des initiatives émergent. Aux Etats-Unis, les Instituts nationaux de la santé, dix laboratoires pharmaceutiques et plusieurs associations ont mis en place une politique de partage de données pour transformer le modèle de développement de nouveaux marqueurs de diagnostic et de nouveaux médicaments dans le domaine de la maladie d’Alzheimer, avec un budget de 92.5 millions de dollars (85.1 millions d’euros) sur cinq ans. Les grands journaux scientifiques doivent aussi s’adapter, pour évaluer la qualité des articles portant sur des données et les publier, si ces articles les méritent, dans de nouveaux journaux de référence. La « science citoyenne » s’invite dans le débat : Midata.coop est une coopérative de données personnelles, dont le slogan est « mes données, notre santé ». Son objectif est de démocratiser l’économie des données personnelles et mettre en œuvre une médecine personnalisée dans les systèmes de santé existants. » Enfin, pour l’OCDE, « les gouvernements peuvent jouer un rôle important dans la création de ressources pour les données de masse, grâce à leur rôle réglementaire et législatif concernant la confidentialité, l’accès aux données, la standardisation des données, à travers des politiques économiques et commerciales plus étendues, grâce aussi à leur rôle d’opérateur et de financeur des services de santé et des services sociaux, et de principal soutien à la recherche. Les gouvernements doivent clarifier leur position concernant l’importance des données de masse, étendre et soutenir l’organisation de ces données au-delà des seuls services de soin, et s’assurer que ces données profitent aux secteurs de la santé, de l’accompagnement social et de la recherche. » En France, Benoît Thieulin, président du Conseil national du numérique, estime sur le site de la Haute Autorité de santé que « c’est bien sûr la sécurité sanitaire qui doit primer. Avec l’avènement du quantified self (“le soi quantifié” : mesure de données du mode de vie individuel) et des big data (mégadonnées) en santé, la protection des individus passe aussi par la protection de leurs données personnelles. Cet impératif doit être intégré dans les nouvelles formes de régulation de la santé connectée. Ces évolutions appellent l’instauration d’un cadre de confiance dans les équipements, les logiciels, les acteurs, les informations disponibles. La régulation ne doit empêcher ni aux patients de bénéficier d’innovations réelles, ni aux innovateurs européens de trouver un marché. Il ne s’agit pas de s’asseoir sur les principes de précaution et d’évaluation du rapport bénéfice-risque, mais d’adapter leur application aux nouveaux cycles de l’innovation et de favoriser l’évaluation par les usages, qui n’attendent pas toujours les tampons institutionnels. » Pour Jean-François Thébaut, membre du Collège de la Haute Autorité de santé, les règles doivent « être définies non par les caractéristiques des objets connectés mais par les usages qui leur sont attribués. Cette régulation doit répondre aux principes fondamentaux de la pratique médicale : la qualité, l’efficacité, la sécurité, la protection des données personnelles, le respect de l’autonomie des personnes et du libre choix, ce qui implique la transmission d’une information loyale complète et partagée. »
http://blogs.biomedcentral.com/on-biology/2015/10/09/data-sharing-in-dementia-research/, 9 octobre 2015. National Institute on Aging. Accelerating Medicines Partnership-Alzheimer’s Disease (AMP-AD). www.nia.nih.gov/alzheimers/amp-ad, 4 novembre 2015. Hafen E. Citizen-centered Precision Medicine – Data Sharing via Personal Data Cooperatives. INCF – OECD Workshop: Data Sharing in Dementia Research. 21 septembre 2015. www.incf.org/incf-oecd-workshop/ProfessorErnstHafenPresentation.pdf. Anderson G et Oderkirk J (coord.). Le Webzine de la HAS. www.has-sante.fr/portail/jcms/c_2566461/fr/sante-connectee-regards-croises-de-j-f-thebaut-et-b-thieulin-sur-leur-regulation, 28 octobre 2015.