Les conséquences du confinement : la perte de la marche
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Le confinement a eu des effets graves sur les résidents d’EHPAD (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), écrit sur son blog Colette Roumanoff, ancienne aidante de son mari, atteint de la maladie d’Alzheimer.
« Le premier effet pervers est la perte de la marche. Cette perte se fait insidieusement. Par manque de pratique les muscles fondent, entraînant rapidement des déséquilibres et une incapacité à se déplacer, impossible à restaurer. Comme on a peur que les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer se perdent, si elles sortent à l’extérieur, on les enferme chez elles d’abord et ensuite dans les unités dites « protégées » qui sont en fait des « unités fermées ». L’espace réservé à la marche est le plus souvent un couloir étroit de quelques mètres de long qui permet de passer des chambres à la salle à manger et à la salle de télé. La largeur est tout juste suffisante pour y pousser une chaise roulante. Quelquefois ce couloir est circulaire, d’autres fois on y dispose des fausses plantes. Quand il y a un jardin, il est déclaré inaccessible pour deux raisons. Premièrement il n’est pas hermétiquement fermé, deuxièmement les malades n’ont pas le droit de prendre l’ascenseur alors que les unités fermées sont au dernier étage. Les familles qui viennent en visite n’ont pas toujours l’idée de faire respirer de l’air extérieur à leur malade. Cela devrait être une priorité reconnue et systématiquement encouragée », écrit Colette Roumanoff. « Nous vivons dans un monde qui met la sécurité au-dessus de tout. Ce n’est pas parce qu’un malade Alzheimer ne peut plus sortir seul qu’il ne doit plus jamais sortir. S’occuper correctement des malades Alzheimer, répondre à leurs besoins, c’est aussi leur donner la possibilité concrète de sortir, comme une activité nécessaire, indispensable et bénéfique. Une heure par jour serait un minimum. J’entends d’ici les protestations : « c’est impossible ! Si vous croyez qu’on n’a que ça à faire, il faudrait du personnel en plus, des assurances… » Pour Colette Roumanoff, il manque surtout la motivation : « Sortir ? Les faire sortir ? Mais pourquoi faire ? »
https://bienvivreavecalzheimer.com/, 16 aout 2020.