Les complications neurologiques et neuropsychiatriques du Covid-19
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
En Corée du Sud, Nayoung Ryoo et ses collègues, du département de neurologie de l’hôpital Bundang de l’Université nationale de Séoul, rappellent les trois mécanismes actuellement proposés pour expliquer les conséquences neurologiques de l’infection par le SARS-CoV2. Le premier mécanisme est une invasion directe du système nerveux central par le coronavirus, soit par les vaisseaux sanguins (en passant la barrière hémato-encéphalique endommagée par les cytokines), soit par des routes neuronales. Le deuxième mécanisme est indirect : en se liant aux cellules épithéliales du poumon, le virus active les cytokines et accroît la réaction inflammatoire et la coagulation du sang ; les caillots provoquent des accidents vasculaires cérébraux. Le troisième mécanisme est la destruction des tissus cérébraux par manque d’oxygène (hypoxie). Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sont particulièrement vulnérables à l’infection de Covid-19 en raison notamment de leur âge et des comorbidités (hypertension, diabète, obésité et maladies cardiovasculaires) qui sont des facteurs de risques de détresse respiratoire, d’insuffisance multi-viscérale et de neuro-inflammation. Les chercheurs proposent des stratégies thérapeutiques adaptées aux différents types de déficit cognitif, aux différents stades de la maladie.
Au Japon, Takafumi Kubota et Naoto Kuroda, du département de neurologie des hôpitaux universitaires de Cleveland et du département d’épileptologie de l’Université de médecine de Sendaï, publient une revue systématique de la littérature sur l’exacerbation des symptômes et de la sévérité du Covid-19 chez 2 278 patients ayant des maladies neurologiques préexistantes. Une exacerbation des symptômes neurologiques préexistants a été observée chez 32 % des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée.
Aux Etats-Unis, Sara LaHue et ses collègues, du département de neurologie de l’Université de Californie à San Francisco, alertent sur « l’épidémie dans la pandémie » : l’augmentation des cas de syndrome confusionnel, un trouble mental aigu caractérisé par des fluctuations de l’attention et de la cognition. Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ont un risque aggravé d’hospitalisation et de syndrome confusionnel durant la pandémie de Covid-19. Même lorsque ce syndrome disparaît, ses effets peuvent persister : c’est un facteur de risque indépendant de nouveau déclin cognitif. Les chercheurs s’attendent à une augmentation des cas de déclin cognitif après la fin de la pandémie de Covid-19. Des pratiques cliniques adaptées peuvent réduire les conséquences du syndrome confusionnel (politique de visite des proches, détection des troubles sensoriels, réorientation de la personne à chaque fois que le personnel la rencontre, réduction du stress, éducation des aidants).
Ryoo N et al. Coping with Dementia in the Middle of the COVID-19 Pandemic. J Korean Med Sci 2020; 35(42): e383. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7606885/pdf/jkms-35-e383.pdf (texte intégral).
LaHue SC et al. The One-Two Punch of Delirium and Dementia During the COVID-19 Pandemic and Beyond. Front Neurol, 5 novembre 2020. www.frontiersin.org/articles/10.3389/fneur.2020.596218/full (texte intégral).
Kubota T et Kuroda N. Exacerbation of neurological symptoms and COVID-19 severity in patients with preexisting neurological disorders and COVID-19: A systematic review. Clin Neurol Neurosurg, 1er novembre 2020. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33172719/.