Les boomers soixante-huitards arriveront-ils en EHPAD ?
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Nés entre 1945 et 1965, les 15 millions de boomers sont « une génération extrêmement forte et particulière car elle accompagne actuellement ses parents dans le grand vieillissement, qui n’a pas été anticipé », selon Michèle Delaunay, ancienne ministre aux Personnes âgées. Soixante-huitards pour les plus anciens, ils veulent maîtriser leur vieillesse et déclarent haut et fort qu’ils ne veulent pas finir en EHPAD contre leur gré. Cette génération biberonnée à l’émancipation et à l’autonomie, et qui a grandi dans le goût du travail, a pris la mesure de la liberté dans sa vie personnelle, veut être entendue et avoir un rôle à jouer dans son avenir vieillissant. « Si nous sommes nombreux, nous serons plus forts pour chercher ensemble et inventer une autre façon de concevoir un accompagnement solidaire et fraternel jusqu’au bout de la très grande vieillesse » : le manifeste Vieux et chez soi, publié en mai 2017, réunissait plus de 90 intellectuels, médecins, artistes, politiques, associatifs insatisfaits « de la façon dont notre société organise aujourd’hui l’accompagnement jusqu’au bout de la vieillesse. » De ce manifeste est née une association, Vieux et chez soi, présidée par le sociologue Philippe Bataille. Pour lui, le vrai changement réside dans le fait que la révolution en cours est générationnelle : « on sent dans cette génération de sexagénaires une capacité à continuer de s’interroger d’une part, mais aussi à proposer des réponses pour eux—mêmes. » Le but de l’association est de proposer d’autres réponses en termes de politiques publiques, de politique sociale, de territoires : « mesurer la capacité à défendre son autonomie que la voie de l’institutionnalisation rend inopérante. » La présidente octogénaire d’Old Up salue la démarche préventive des sexagénaires de Vieux et chez soi, et regrette que les personnes âgées de 85 ans et plus ne s’affirment pas davantage : « c’est ce qui nous manque le plus : une voix (…) Il est très important que nous apprenions à nous exprimer et à faire autre chose que nous plaindre pour être entendus. »
Le Mensuel des maisons de retraites, avril 2018.