Les antidépresseurs pourraient-ils ralentir la progression de la maladie d’Alzheimer ?

Prévention

Date de rédaction :
29 mai 2014

Le citalopram, un antidépresseur couramment prescrit, ralentirait la production des protéines bêta-amyloïdes chez l’homme, affirment Yvette Sheline, professeur de psychiatrie, radiologie et neurologie à l’Université de Pennsylvanie, et ses collègues de l’Université Washington à Saint Louis (Etats-Unis). Une première étude chez vingt-trois volontaires en bonne santé, âgés de vingt-et-un à cinquante ans, montre que l’administration d’une dose de 60 mg de citalopram est associée à une réduction de 37% de la concentration de protéine bêta-amyloïde dans le liquide céphalo-rachidien après vingt-quatre heures. Chez la souris, après vingt-huit jours de traitement, la formation de nouvelles plaques a été réduite de 78%. Les tabloïds parlent d’un « antidépresseur miracle ». La molécule pourrait-elle être utilisée en prévention ? On ne sait pas si l’effet se prolonge à long terme, ni si les mêmes résultats pourraient être obtenus chez des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans. Le Dr Anton Porsteinsson, directeur du centre Alzheimer de l’Université de Rochester (New York, Etats-Unis), tempère fortement : tous les traitements ciblant la protéine amyloïde ont été inefficaces jusqu’à présent. Il n’existe pas de preuve chez les humains que réduire les niveaux de protéine amyloïde soit une bonne chose d’un point de vue thérapeutique. » Il alerte aussi sur le fait que la dose de 60 mg de citalopram utilisée dans cette étude est élevée par rapport aux doses de 20 à 40 mg habituellement prescrites chez les personnes âgées. En 2011, la Food and Drug Administration américaine a émis un avertissement : le citalopram ne doit pas être administré à des doses supérieures à 40 mg en raison des effets indésirables sur le rythme cardiaque. Pour le Pr John Cirrito, coordonnateur de l’étude, « bien qu’ils soient généralement bien tolérés, les risques n’en valent pas la peine tant que nous ne disposerons pas de preuves définitives de leur action pour ralentir ou arrêter la maladie d’Alzheimer ». Quel serait le mécanisme d’action du citalopram ? « La piste la plus probable est celle de la sérotonine, une molécule chimique du cerveau qui régule de nombreuses fonctions physiologiques, dont l’humeur. Les antidépresseurs agissent en maintenant la circulation de cette molécule dans le cerveau, ce qui permettrait de réduire la production de protéines bêta-amyloïdes et donc de plaques. »

Sheline YI et al. An antidepressant decreases CSF Aβ production in healthy individuals and in transgenic AD mice. Sci Transl Med 2014 ; 6(236) : 236re4. 14 mai 2014. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/24828079. www.metronews.fr, 15 mai 2014.  http://m.medlineplus.gov/news/fullstory_146246.htm, 14 mai 2014.