L’EHPAD de demain
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Les EHPAD plateformes, EHPAD hors les murs, EHPAD à domicile, pôles de ressources gériatriques ou de services gérontologiques ou plateformes ressources, se multiplient depuis plusieurs années mais ne dépassent pas le stade expérimental. Depuis octobre 2020, 23 expérimentations ont été financées dans le cadre de l’article 51 de la loi de financement de la sécurité sociale. Que faut-il de plus pour y arriver ? Aux Assises des EHPAD, le Groupe SOS, le think tank Matières grises, la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privés non lucratifs) et la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) ont évoqué les freins et les facteurs qui pourraient faciliter le décollage de ces nouvelles initiatives. Jean-Marc Borello, président du Groupe SOS, ne voit « pas de frein à une idée dont le temps est venu ». Il faut avancer et prendre des initiatives, dit-il, en observant que la crise sanitaire avait parfois obligé à ne pas respecter à la lettre certains dispositifs pour le bien-être des résidents ou des salariés et avait renforcé les liens avec les collectivités territoriales, les hôpitaux, les commerçants et les associations. Dans son rapport sur l’EHPAD du futur de juin 2021, le think tank Matières grises a proposé une modélisation et un cadre juridique. Parmi les freins figurent la TVA pour les interventions à domicile du secteur privé à but non lucratif. Parmi les facteurs facilitants, Jean-Marc Borello estime que, pour les professionnels, travailler 3 jours en EHPAD et 2 jours à domicile pourrait être plus attractif que 5 jours en EHPAD. Anna Kuhn-Lafont, consultante pour Matières grises, appelle les EHPAD à fonctionner en file active (personnes âgées accompagnées sur un territoire) et non plus en nombre de lits et places afin d’enfin « raisonner en parcours ». Pour elle, il faut laisser la possibilité à chaque opérateur de faire des propositions, de revenir à une logique plus proactive dans la définition des besoins. Antoine Perrin, directeur général de la FEHAP, appelle à tirer des leçons de la souplesse ayant entouré la mise en place de solutions pendant la crise sanitaire. Il suggère de faire évoluer le contrat pluriannuel d’objectif et de moyens (CPOM) actuellement cloisonné entre les activités et fondé sur des capacités, vers des contrats dans lesquels un opérateur pivot s’engage par exemple à accompagner et soigner une centaine de personne âgées polypathologiques dépendantes, de plus de 85 ans, sur le territoire, en fonction de leurs attentes et avec des partenariats. Charge à l’opérateur, en accord avec ces personnes, de déterminer les besoins entre services à domicile renforcés, hébergement temporaire ou EHPAD. L’opérateur pourrait augmenter ou diminuer ses capacités dans telle ou telle catégorie en fonction de l’évolution des besoins de la population donnée. Pour Antoine Perrin, l’objectif primerait et les moyens seraient ensuite mis en œuvre avec une enveloppe financière adéquate. Il prend pour exemple le centre Saint-Vincent Lannouchen à Landivisiau (Finistère), qui a mis en place une passerelle de ressources gérontologiques. La fondation Ildys, qui le gère, n’a pas les autorisations pour toutes les réponses mais peut faire le lien avec les professionnels, services ou établissements du territoire. Pour Stéphane Corbin, directeur adjoint de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), on ne transformera pas les 7500 EHPAD sans revoir le modèle de la coopération entre les établissements d’une part, et entre les EHPAD et leur environnement d’autre part, pour apporter plus de fluidité et de complémentarité. Sur les territoires où la réponse au domicile est défaillante, l’EHPAD plateforme devrait être une exigence, souligne-t-il.
Gérontonews, 8 septembre 2021.