Le salon de coiffure : un objet de recherche

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
26 mars 2016

« Commencer la journée en ayant une bonne tête est très important, que vous soyez ou non atteint de la maladie d’Alzheimer », dit un mari qui prend soin de son épouse malade. Le projet Hair and Care (cheveux et soins), mené par Richard Ward, de l’Université de Stirling, Sarah Campbell et le Pr John Keady, de l’Université de Manchester (Royaume-Uni), s’intéresse au rôle de la coiffure dans la perspective de la personne atteinte de démence, ses aidants, sa famille et le coiffeur. Les chercheurs étudient quatre dimensions : l’expérience qu’a la personne malade au salon de coiffure ; l’expérience des coiffeurs intervenant en établissement d’hébergement et la perspective des soignants ; les éléments constitutifs de la séance de coiffure et des rencontres que l’on peut y faire ; les caractéristiques de l’offre, de l’accessibilité physique et financière des services de coiffure dans différents lieux de soins. Les chercheurs se sont aperçus que les coiffeurs travaillent dans les établissements depuis de nombreuses années, et sont moins souvent remplacés que le reste du personnel dans de nombreux établissements. Ils ont souvent des relations étroites avec leurs clients, agissent comme des « gardiens d’histoires », leur rappellent des détails oubliés et leur apportent un soutien émotionnel. La séance de coiffure offre l’opportunité d’un contact physique et une chance pour le client d’être au centre de l’attention. Elle apporte également des indices sensoriels comme les parfums. Les coiffeurs qualifient le service qu’ils apportent comme « tonique » pour donner une apparence « digne » aux personnes qu’ils coiffent. Pour les aidants familiaux, le maintien de l’apparence de leur proche est souvent associé à un sens de la continuité, et la gestion de l’apparence après l’entrée en établissement est souvent source de tensions. Pour les chercheurs, le soutien porté à l’apparence pourrait jouer un rôle beaucoup plus actif non seulement dans une approche de soins centrés sur la personne, mais aussi pour renforcer l’identité, l’expression individuelle et la participation des personnes tout au long de leur maladie. La séance de coiffure pourrait utilement s’inscrire dans un projet de soins élargie. Le salon de coiffure est un lieu naturel pour la réminiscence ou le travail sur l’histoire de vie ; c’est aussi un endroit où les personnes échangent des points de vue sur l’image de soi, et parlent de leurs inquiétudes sur leur vie et leur avenir. Pour les chercheurs, le travail des coiffeurs intervenant en établissement devrait être davantage reconnu comme faisant pleinement partie du soutien apporté aux personnes malades. Les opérateurs d’établissements d’hébergement et l’industrie cosmétique pourraient développer des programmes de formation ciblés pour les coiffeurs. La question de la diversité doit aussi être abordée.

Laidlaw H. A Good Hair Day. Dementia Services Development Center. University of Stirling. 21 mars 2016.  http://dementia.stir.ac.uk/blogs/dementia-centred/2016-03-21/good-hair-day.