Le sac d’Augustine, un outil sensoriel d’accompagnement
Société inclusive
Augustine, âgée de quatre-vingt-six ans, est atteinte de la maladie d’Alzheimer à un stade avancé, et a presque perdu la parole. Elle passe ses journées dans un fauteuil confortable auprès des autres résidents de l’unité de soins de longue durée. Très souvent, en fin de journée, elle s’agite, finit par hausser le ton et crie. Blandine, infirmière, a observé Augustine durant ces phases d’agitation, et s’est aperçue que celle-ci saisit régulièrement un pan de son chemisier, et que cela semble l’apaiser. Avec l’équipe des aides-soignantes, Blandine repère chez les autres résidents l’importance de toucher des tissus : serviettes de table, coins de drap, blouses des soignants, couvertures, gilets… Dans l’esprit créatif de l’équipe est né un nouveau concept : le Sac d’Augustine. Il s’agit d’une besace remplie de différents tissus aux touchers hétérogènes, faisant appel aux souvenirs tactiles des aidants. Tous les tissus sont assemblés solidairement au sac et restent ainsi utilisables en permanence en évitant la dispersion. Les premiers essais ont été mis en place de manière empirique. Lors de la phase d’agitation, entre 17 heures et 19 heures, proposer le sac « permet de canaliser les angoisses de la personne atteinte de démence, de favoriser sa concentration sur un élément tactile en évitant les trop fortes stimulations envoyées par le milieu ambiant (bruits, tensions, lumières artificielles…). La manipulation est d’abord hésitante, comme s’il s’agissait d’apprivoiser l’objet, de faire connaissance. Puis le geste prend de l’assurance pour plier, déplier, caresser, tordre, au gré des humeurs et des tissus », explique Marie-Christine Charayre, cadre supérieure de santé et responsable pédagogique d’une école d’infirmières et d’assistantes de service social. « La précision vient à son tour, pour mettre un bouton ou tresser un lacet. L’utilisateur est alors en éveil, en lien avec des souvenirs sensoriels. L’accompagnement de ce moment d’apaisement favorise l’entrée en communication et l’émergence de mots, voire de phrases appropriées dans l’instant. C’est bref, parfois fugitif, mais tellement évocateur d’une relation encore possible. »
Doc’Alzheimer, janvier-mars 2015.