Le rôle central de la plaque amyloïde et de la protéine tau dans la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer
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Déterminants de la maladie
Le Pr Pierre Krolak-Salmon, responsable du centre mémoire de ressources et de recherche (CMRR) de Lyon, rappelle que la physiopathologie de la maladie d’Alzheimer est discutée depuis des décennies. La découverte de la plaque amyloïde et des dégénérescences neurofibrillaires par Aloïs Alzheimer en 1906 a donné lieu à l’hypothèse de la cascade amyloïde. Cette hypothèse est étayée par l’existence de formes génétiques de la maladie causées par des mutations dans le gène codant pour la protéine amyloïde, et plus récemment par des essais thérapeutiques utilisant des anticorps dirigés contre la protéine amyloïde pour réduire la progression du déclin cognitif. Le moment de la révélation clinique de la maladie d’Alzheimer dépend des nombreux facteurs influençant la réserve cognitive. La présentation clinique de la forme sporadique (non génétique), la plus commune de la maladie, affectant en priorité les personnes âgées, pourrait dépendre de co-lésions comme des lésions vasculaires, l’accumulation de corps de Lewy (protéine alpha-synucléine), de protéine tau ou de protéine TDP-43.
En Allemagne, Merle Hoenig, de l’Institut de neurosciences et médecine de Jülich (Allemagne), et ses collègues, se sont intéressés au phénomène des personnes vivant jusqu’à un âge très avancé sans présenter de troubles cognitifs. Les chercheurs ont visualisé les dépôts de protéine amyloïde et de protéine tau en imagerie cérébrale chez 94 personnes âgées de 80 ans et plus. Chez les personnes sans troubles cognitifs, l’accumulation de ces dépôts n’est pas plus importante que chez des personnes beaucoup plus jeunes. Pour les auteurs, le phénomène de « super-vieillissement » pourrait être associé à une plus grande résistance du cerveau contre cette accumulation, ce qui pourrait prévenir la neurodégénérescence. Le déclin cognitif lié à un vieillissement normal, en revanche, est associé à l’accumulation de protéine tau, mais pas aux plaques amyloïdes. Le processus de vieillissement pathologique serait accéléré par les effets synergiques des deux protéines.
Krolak-Salmon P. Physiopathologie de la maladie d’Alzheimer : le rôle central de la plaque amyloïde et de la protéine tau. NPG Neurol Psychiatr Gériatr 2020 ; 120S : 120S2-120S6. Décembre 2020. www.em-consulte.com/article/1416374/physiopathologie-de-la-maladie-dalzheimer-le-role- (texte intégral).
Hoenig MC et al. Assessment of Tau Tangles and Amyloid-β Plaques Among Super Agers Using PET Imaging. JAMA Netw Open. 2020; 3(12): e2028337. 11 décembre 2020. www.pourquoidocteur.fr/Articles/Question-d-actu/34886-Quel-secret-super-vieux-le-declin-cognitif, 23 décembre 2020.