Le risque de maladie d’Alzheimer est doublé dans les quartiers les plus défavorisés

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Déterminants de la maladie

Date de rédaction :
20 juillet 2020

Les déterminants sociaux de santé, tels que le revenu, l’éducation, la qualité de l’habitat, l’emploi, sont associés à des disparités dans la maladie d’Alzheimer et la santé en général mais ces déterminants sont rarement intégrés dans la recherche en neuropathologie. Pour la première fois, des chercheurs montrent que vivre dans un quartier défavorisé double le risque d’être atteint de maladie d’Alzheimer. Ryan Powell et ses collègues, de la division de gériatrie de l’Université du Wisconsin (États-Unis), ont utilisé des échantillons d’autopsie de 447 personnes décédées dont l’adresse était connue et qui ont fait don de leur cerveau à l’une des deux banques de cerveaux des centres de recherche sur la maladie d’Alzheimer en Californie et dans le Wisconsin. Les adresses ont été géocodées et associées au statut socio-économique du voisinage lors de l’année du décès. Les caractéristiques neuropathologiques ont été obtenues à l’aide du formulaire standardisé Neuropathology Data Set et des rapports d’autopsie. Le risque d’avoir des lésions cérébrales caractéristiques de la maladie d’Alzheimer est multiplié par 2,18 dans les voisinages les plus pauvres par rapport aux voisinages les plus riches.

La même équipe propose un nouvel outil pour harmoniser l’évaluation de ce risque socio-géographique dans la recherche sur la maladie d’Alzheimer : l’indice de défavorisation sociale (ou de désavantage social) d’un voisinage (le zonage administratif le plus petit). Les chercheurs ont quantifié, à partir des données de recensement, les caractéristiques de pauvreté, d’éducation, de qualité de l’habitat et d’emploi des voisinages de 2 119 personnes âgées (17 indicateurs socio-économiques). Les chercheurs ont ensuite croisé ces données avec celles de 2 cohortes : le registre de prévention de la maladie d’Alzheimer du Wisconsin (1 501 personnes) et les données cliniques de base du centre de recherche sur la maladie d’Alzheimer du Wisconsin (618 personnes). Des scores de cognition ont été construits à partir de 4 tests cognitifs sensibles à l’avancée en âge : l’apprentissage verbal, le rappel différé d’une information mémorisée, la vitesse de traitement de l’information et les fonctions exécutives [planification, manipulation mentale d’informations, flexibilité, abstraction, élaboration de règles et résolution de problèmes]. Le fait de résider dans les 20 % de voisinages les plus défavorisés est associé à une réduction significative du nombre de mots mémorisés en apprentissage verbal et en rappel différé (p=0,01), ainsi qu’à une réduction de la vitesse de réalisation d’une tâche exécutive.

Powell RW et al. Association of Neighborhood-Level Disadvantage With Alzheimer Disease Neuropathology JAMA Netw Open. 2020; 3(6): e207559. 11 juin 2020. https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2767007.

www.alzforum.org/news/research-news/disadvantaged-neighborhoods-raise-odds-alzheimers, 12 juin 2020. Zuelsdorff M et al. The Area Deprivation Index: A novel tool for harmonizable risk assessment in Alzheimer’s disease research. Alzheimers Dement 2020; 6(1): e12039. 14 juin 2020. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7293995/pdf/TRC2-6-e12039.pdf (texte intégral).