Le rapport Laroque, de la Commission d'étude des problèmes de la vieillesse du Haut comité consultatif de la population et de la famille
Société inclusive
En 1960, Michel Debré, Premier ministre du Général de Gaulle, confiait au conseiller d’État Pierre Laroque une mission de réflexion sur ce qu’il convenait de faire en faveur des personnes âgées, dans la continuité du déploiement de la sécurité sociale, rappelle la sociologue Anne-Marie Guillemard, qui a signé la préface d’une réédition du rapport Laroque, publié en juillet 1961 et devenu introuvable. « Le vieillissement de la population était en effet déjà perceptible à l’époque, et il paraissait nécessaire de réactualiser cette grande politique. Pierre Laroque a alors proposé de créer une commission d’étude thématique disposant d’un temps relativement long pour mener à terme sa réflexion », pour établir un rapport prospectif sur ce qu’il fallait faire, dans le domaine de la vieillesse, pour les vingt années à venir. « Pierre Laroque voulait changer de vision en s’interrogeant sur la place de la vieillesse dans la société française et sur la politique à mettre en œuvre pour que cette place soit à égalité avec celle des autres catégories de la population. Dans son esprit, les vieux devaient être considérés comme des citoyens à part entière. » La question du niveau de vie n’apparaissait pas comme centrale, mais seulement comme un moyen d’atteindre l’objectif prioritaire de la politique de la vieillesse nouvellement forgée, à savoir maintenir les personnes âgées dans une vie la plus normale possible. « C’est l’un des apports majeurs du rapport Laroque, et il reste d’actualité », estime la sociologue. « Adapter la société française au vieillissement, c’est aussi chercher à mieux travailler avec une population active en moyenne plus âgée en essayant de maintenir la compétitivité de ceux que l’on appelle les “seniors”. C’est aussi là que réside l’actualité de la réflexion de Pierre Laroque. Pour lui, il fallait traiter toutes les conséquences sociales, économiques et humaines du vieillissement démographique. Ce qui suppose autant une politique du travail et de l’emploi qu’une intervention sur le niveau et le mode de vie des personnes âgées. » Pour Anne-Marie Guillemard, le rapport Laroque « nous oblige à réfléchir sur ce qu’est une politique globale de la vieillesse et sur la nature réelle du vieillissement démographique. La réponse n’est pas seulement la dépendance. La vieillesse doit être considérée comme un moment où l’on reste citoyen. »
Actualités sociales hebdomadaires, 6 février 2015. Laroque P. Rapport Laroque. Commission d’étude des problèmes de la vieillesse du Haut comité consultatif de la population et de la famille. Paris : L’Harmattan. 15 octobre 2014. 448 p. ISBN : 978-2-343-03058-6. www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=44642.