Le prix élevé freine l’accès aux prothèses auditives

Innovation

Date de rédaction :
15 juin 2016

« Chez la personne âgée, le risque de démence est presque doublé dès une perte auditive modérée », écrit le Collectif interassociatif sur la santé (CISS). Selon une expertise INSERM de 2014, « la perte d’acuité auditive est aussi un facteur de risque de chute. Une audition modérément altérée serait associée à un risque de chute multiplié par trois. Ces données renforcent l’intérêt d’un appareillage précoce chez le sujet âgé quand cela est nécessaire. » Le coût moyen d’une audioprothèse est de 1 600 euros par oreille. Ce coût comprend l’appareil, la prestation initiale (analyse, adaptation de l’appareil et réglages), le suivi prothétique sur la durée de vie de l’appareil, généralement de quatre à six ans. L’assurance maladie finance 119,83 euros par oreille. Les bases de la prise en charge sont figées depuis 1986. Les organismes complémentaires remboursent 350 euros en moyenne par oreille. Depuis 2014, les bénéficiaires de la couverture maladie universelle (CMU-c) bénéficient d’un remboursement de 700 euros par oreille avec une offre générique chez tous les audioprothésistes (appareils de classe C, garantis quatre ans, renouvellement tous les quatre ans minimum). « Dès 1 250 euros environ, tous les malentendants pourraient bénéficier de solutions discrètes, garanties quatre ans », selon l’UNSAF (syndicat national des audioprothésistes français). « Ainsi, même s’il existe à l’adolescence ou à l’âge adulte des situations qui nécessitent un équipement, ce sont les plus âgés qui sont massivement écartés de l’accès à l’audioprothèse en raison du niveau de leurs revenus », déclare le CISS. « L’Autorité de la concurrence a indiqué, le 10 février 2016, qu’elle se saisissait pour avis de la situation du marché de l’audioprothèse. Elle souhaite analyser la situation et veut vérifier si les prix, qu’elle considère comme trop élevés, sont le résultat d’une concurrence défaillante liée notamment au numerus clausus [limitation de l’entrée à la profession d’audioprothésiste], à des marges trop importantes des audioprothésistes ou encore si l’information des consommateurs est efficiente. En droit, l’avis ne peut pas déboucher sur une sanction. Mais l’enquête peut mettre à jour des pratiques qui pourraient par la suite donner lieu à des enquêtes pour entente, qui elles peuvent être sanctionnées. L’Autorité veut ainsi vérifier que les distributeurs d’audioprothèses ne sont pas soumis à la dépendance économique des fournisseurs, notamment les audioprothésistes indépendants. Elle constate enfin que peu de Français ont recours à l’audioprothèse, probablement en raison des niveaux de prix pratiqués dans ce secteur. » Les personnes âgées de plus de soixante-cinq ans représentent 75% de la dépense en audioprothèse, et celles âgées de plus de soixante-quinze ans 54%.