Le présent est un cadeau

A l’accueil de jour de l’Espace Bel Air (Nord), Bénédicte Decool et son équipe de cinq personnes (aides soignantes, auxiliaires de vie, contrat aidé) accueillent chaque semaine quarante-six personnes malades. « C’est le premier pas d’une démarche de placement. Il s’agit de déculpabiliser les familles : elles ont le droit de souffler ». La maladie d’Alzheimer évolue différemment d’une personne à l’autre : « ça dépend du terrain héréditaire, mais aussi de l’histoire de la personne, de sa famille, des joies et des tristesses qu’elle a eues ». « Si on prend la personne à l’instant T, on ne capte rien. Ça ne sert à rien de braquer la personne : c’est à nous de l’accompagner, d’aller vers elle ». Remonter le passé permet de comprendre que le monsieur qui se sauvait tous les mardis avait eu l’habitude d’aller faire son tiercé ce jour-là, que la dame qui répétait toujours le même nom inconnu appelait en fait un ex-mari que ses enfants n’avaient pas connu, et que celle qui ne voulait se changer que le dimanche avait grandi dans un orphelinat où c’était la règle. A travers ces moments où la mémoire est là (« nos petits bonheurs »), les personnes âgées ont appris à Bénédicte Decool que « le mot présent signifiait aussi cadeau ».
La Voix du Nord , 16 février 2008.