Le grand silence
Échos d'ailleurs
Rien ne transparaît vraiment de ce qui se passe dans les résidences de long séjour où sont accueillies, notamment, des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ou de démence. Rien ne transparaît sur le traitement réservé à des patients qui souffrent, enfermés dans leur bulle de verre. Dans ce long article qui part d’un constat personnel sur une résidence d’un quartier de Berlin (Reinickendorf), l’auteur explique que certes, le service médical des caisses d’assurance-maladie est chargé de tester la qualité des résidences. Mais leurs rapports restent confidentiels. Des témoignages d’anciens soignants permettent d’entrevoir certaines réalités. A Reinickendorf, une ex-soignante a expliqué que, faute de personnel, les patients restent jusqu’à midi sans toilette, dans leurs excréments. Selon une inspectrice de ces établissements, qui ne peut parler qu’en termes généraux, 10 à 14% des institutions seraient en défaut, voire pratiqueraient de mauvais traitements sur les pensionnaires, entraînant des lésions corporelles. Une étude à l’échelle fédérale montre que 41% des problèmes sont liés à un défaut d’alimentation ou d’hydratation, et 43% à des soins insuffisants de blessures (escarres). S’occuper d’un patient atteint de la maladie d’Alzheimer est une tâche délicate, mais elle est pourtant, en Allemagne, confiée à des personnels non qualifiés. Ajoutée à la restriction des effectifs et à la pression exercée sur ces employés, cette situation ouvre la voie à des abus ou à la négligence. Toutefois, ajoutent des experts, les drames des mauvais traitements surviennent aussi à domicile, chez les patients gardés par un proche. Ces derniers « craquent » alors qu’ils doivent jour et nuit s’occuper de leur parent.
Frankfurter Allgemeine Zeitung, www.faz.net, 30 octobre 2006