Le généraliste et les troubles du comportement perturbateurs
Interventions non médicamenteuses
Marion Campana, de l’unité cognitivo-comportementale du centre gérontologique départemental de Marseille, et ses collègues de l’Institut de neurosciences (UMR 7289) et du service de santé publique (EA 3272) à l’Université Aix-Marseille, ont sollicité deux cent soixante médecins généralistes pour comprendre comment ils prenaient en charge les troubles du comportement perturbateurs (agitation, agressivité) associés à la démence, et connaître les conséquences de ces troubles sur les aidants. 36% des médecins ont répondu à l’enquête. Plus de la moitié des répondants ont déjà été confrontés à ces situations. Leur thérapeutique est principalement médicamenteuse, avec une prescription majoritaire de neuroleptiques atypiques et de benzodiazépines à demi-vie courte. Seuls 40% des praticiens ont tenté une approche non médicamenteuse en première intention, sans en préciser la nature. 42% des praticiens ont recours aux réseaux gérontologiques et 18% à une équipe spécialisée Alzheimer. La MAIA (méthode d’action pour l’intégration des services d’aide et de soins dans le champ de l’autonomie) est peu sollicitée. Un transfert vers l’hôpital est rapporté dans 24% des cas lorsque le médecin sait agir face à la décompensation comportementale, dans 38% lorsqu’il ne s’y sent pas préparé. L’hospitalisation programmée s’effectue majoritairement en court séjour Alzheimer (63%), puis en court séjour gériatrique (26%) et en unité cognitivo-comportementale (10%). Les urgences psychiatriques sont sollicitées dans un cas sur dix. En ce qui concerne les aidants, seuls 27% des médecins déclarent leur dédier une consultation annuelle telle que prévue par le plan Alzheimer 2008-2012. La majorité des aidants décline cette consultation dédiée, qui est parfois réalisée en même temps que celle de la personne malade. « La création d’un document facilement disponible aidant à la prise en charge des décompensations comportementales aigües dans le cadre d’une démence, ainsi qu’un parcours de soins comprenant une équipe mobile médicalisée, semblent être une solution d’aide adaptée pour les médecins généralistes.
Campana M. Difficultés rencontrées par les médecins généralistes lors de décompensations comportementales aiguës de leurs patients déments. Gériatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2016 ; 14(2) : 167-174. 1er juin 2016. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27052601.