L’arrêt brutal des aides extérieures épuise les aidants
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Brigitte, bouleversée par les nouvelles règles de vie imposées par le confinement, s’est accrochée à son mari Maurice, son « sémaphore ». « Trois fois par semaine, elle passait la journée en accueil de jour, ce qui me permettait de souffler », dit Maurice. « Mi-mars, l’accueil de jour m’a annoncé la fermeture de l’établissement pour cause de coronavirus, et très vite les aides se sont effondrées. » Finies les activités, les balades entre amis : Brigitte et Maurice se sont retrouvés en tête à tête chez eux. Les marches que Brigitte aimait tant se sont limitées à l’heure autorisée dans le périmètre d’un kilomètre autour du domicile. Incontinente, elle réveille son époux plusieurs fois par nuit. Puis à 5 h 30, elle est debout, la journée démarre et sera sans répit. Il faut lui donner à manger à la cuillère, la laver, l’accompagner en balade… Brigitte enfile des chaussures et secoue la porte quand elle veut sortir. « Le problème des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, c’est qu’elles veulent tout le temps marcher, elles déambulent et c’est fatigant », dit Maurice. Seule la présence de l’aide-soignante, six heures par semaine, l’autorise à quelques pauses. « C’était éprouvant, mais c’était mon rôle, je l’ai assumé jusqu’à l’épuisement. Brigitte n’a jamais compris les gestes barrière, la distanciation sanitaire, le masque… C’est pesant pour les malades car ce sont des personnes qui ont besoin de se rapprocher. » Le 26 mai 2020, Brigitte est entrée en unité spécialisée Alzheimer dans un EHPAD de Saint-Malo.
À Fourquevaux (Haute-Garonne), Odile, 86 ans, est atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis 5 ans. Encore très alerte, elle a besoin de soins pour atténuer les symptômes de la maladie. « Les quatre séances de kinésithérapie et d’orthophonie par semaine ont été annulées pendant le confinement, plus de taxi non plus pour la transporter, tout le dispositif s’est arrêté net et cela l’a beaucoup perturbée. Elle a un peu régressé », témoigne son mari Robert sur France3 Occitanie. « Tu avais du mal à rester enfermée, tu avais du mal à comprendre que c’était interdit de sortir, tu étais agressive, très agitée », explique Robert à Odile. « Moi aussi j’ai des problèmes de santé, une maladie cardiaque et ce n’était pas de tout repos, il a fallu gérer les courses, la cuisine, même si ma fille me remplissait quelquefois le congélateur, et le ménage aussi car l’aide-ménagère ne venait plus non plus. Ça fait beaucoup. » Tout n’est pas encore rentré dans l’ordre, mais le déconfinement s’annonce comme une délivrance.