L’agitation et l’agressivité des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer nécessitent une approche interdisciplinaire

Recherche

Date de rédaction :
03 avril 2020

S’occuper d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer agitée ou agressive consomme de l’énergie et s’inscrit dans du temps qui n’est pas consacré à d’autres soins ou d’autres personnes malades, à domicile comme en établissement, explique Philippe Thomas, psychiatre, gériatre et chercheur associé au centre de recherches sémiotiques (CERES, EA 3648) à l’Université de Limoges. Les soignants sont en butte à de multiples tensions, entre leurs efforts et l’inefficacité de ce qu’ils entreprennent pour calmer la personne malade, entre la nécessité d’une qualité de leurs soins et l’impossibilité de la mettre en oeuvre. L’agitation et l’agressivité ne sont pas toujours tournées vers le soignant ou un aidant, mais ceux-ci sont souvent en première ligne pour en subir les effets. L’épuisement professionnel peut exacerber les troubles du comportement de la personne malade. Comprendre le mode d’installation de ces troubles est la première chose à prendre en compte : l’agitation et l’agressivité sont dues à une rupture non élaborée dans le cours de vie habituel de la personne. Une douleur a pu s’installer brutalement ou devenir plus aigüe, comme une colique néphrétique, une infection urinaire, de nouvelles escarres, une constipation avec ou sans fécalome [accumulation de matières fécales déshydratées et stagnantes dans le rectum]… Il est possible de proposer un test antalgique chez les personnes présentant des troubles cognitifs sévères pour vérifier si le trouble est lié à la douleur. Des problèmes ont pu apparaître dans la famille : deuil, divorce, déménagement, fâcheries. En établissement, des difficultés relationnelles sont possibles entre résidents ou avec un membre de l’équipe. Certains médicaments peuvent avoir des effets indésirables. L’agitation et l’agressivité peuvent être aussi liées à des pertes d’emprise sur le réel : l’entrée en dépendance est lente, les équipes tournent et certaines difficultés ont pu passer inaperçues. Un petit rien peut alors devenir le déclencheur des troubles.

Thomas P. Agitation et agressivité chez la personne âgée démente. Soins Gérontol 2019 ; 140 : 29-31. Novembre-décembre 2019. www.em-consulte.com/article/1337028/agitation-et-agressivite-chez-la-personne-agee-dem.