Laboratoire vivant

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Date de rédaction :
26 août 2020

Travailler le schéma corporel et se remémorer les mots du corps en prenant soin d’un chien mené par un zoothérapeute ; retrouver les paroles de chansons et sa confiance en soi lors des répétitions de chorale menées par un art-thérapeute, recouvrer des repères temporels avec le rythme des saisons et stimuler sa mémoire grâce à des végétaux que l’on peut nommer et aux sensations olfactives ou auditives qu’on y éprouve : autant d’approches non médicamenteuses destinées aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Ces techniques sont de vrais outils thérapeutiques qui, à l’image des médicaments, ont besoin d’être évalués, explique Kevin Charras, docteur en psychologie, responsable du centre de formation et du Living Lab de la Fondation Médéric Alzheimer. « L’objectif de ces démarches est triple : améliorer la qualité de vie, bonifier les fonctions cognitives et maximiser les capacités restantes. Mais pour que cela fonctionne, il est important de définir un cadre à ces interventions : cibler les personnes qui en tireront bénéfice, savoir à quel moment les proposer et déterminer quel professionnel les mettra en œuvre. Pour cela, nous avons encore besoin d’études. » Dans ce lieu, à la fois accueil de jour et laboratoire vivant, des études sont menées pour évaluer l’efficacité de ces approches. Ainsi, les premières observations sur la pratique de la danse (tango, salsa…) montrent que l’équilibre est amélioré, les fonctions motrices préservées et les facultés cognitives sollicitées, notamment à travers les liens sociaux.  Des études avec l’Ecole nationale du paysage de Versailles ont permis d’aménager les jardins afin d’en faire un lieu s’inscrivant dans un vrai projet d’accompagnement. Il faut solliciter la motivation à sortir, alors que 80 % des personnes vivant en EHPAD vivent continuellement en intérieur. La lumière du jour permet la synthèse de la vitamine D et favorise la synchronisation des phases veille-sommeil. Il est aussi intéressant que le jardin ait une dimension spirituelle pour encourager la méditation, la conscience de soi dans l’ici et le maintenant. En prévoyant des floraisons échelonnées selon les saisons et en plantant des arbres fruitiers, on peut aussi travailler sur le repérage dans le temps et stimuler la sensorialité. Ces nouvelles approches pour but de valoriser les compétences existantes, et doivent être évaluées au cours d’un bilan psychologique. Il ne convient donc pas de proposer la même activité à tous les résidents. Certains ateliers, en confrontant la personne malade à l’impossibilité de faire, peuvent le bloquer, et avoir l’effet inverse de celui escompté, rappelle Kevin Charras.

Pleine Vie, octobre 2018. www.dna.fr/sante/2018/09/21/les-sciences-sociales-au-chevet-d-alzheimer, www.bienpublic.com/actualite/2018/09/21/les-sciences-sociales-au-chevet-d-alzheimer, www.lejsl.com/actualite/2018/09/21/les-sciences-sociales-au-chevet-d-alzheimer, www.leprogres.fr/france-monde/2018/09/21/les-sciences-sociales-au-chevet-d-alzheimer, www.republicain-lorrain.fr/france-monde/2018/09/21/alzheimer-les-sciences-sociales-au-chevet-des-malades, 21 septembre 2018.