La place du jeu en maison de retraite

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
23 novembre 2014

Cédric Gueyraud, directeur du Centre national de formation aux métiers du jeu et du jouet (FM2J) à Lyon, accompagne les professionnels qui utilisent le jeu dans leur métier. Soutenu par le centre de recherche clinique vieillissement-cerveau-fragilité (CRC-VCF) du CHU de Lyon et l’Institut du Bien-Vieillir du groupe Korian, il a réalisé une étude auprès de cinquante-quatre résidents. Tous ont participé à des sessions ludiques à un rythme de deux séances par semaines durant quatre mois. « Nous avons utilisé la méthode du cadre ludique avec un choix d’objets adaptés aux compétences des résidents, un aménagement de l’espace spécifique et un rôle du professionnel observateur et disponible », explique Cédric Gueyraud.  Il y avait là des jeux de société, d’assemblage, mais aussi des poupées, des balanciers etc. Quels résultats ? Le cadre ludique permet de diminuer les symptômes psychologiques et comportementaux des démences durant les séances de jeu. Les interactions sociales entre résidents ou avec les soignants sont également améliorées. Le bien-être immédiat des personnes âgées augmente pendant et juste après la séance ». Pour que cette approche donne des résultats, les équipes doivent être formées à cette pratique. « En premier lieu, nous leur demandons d’être observateur et de réorienter le résident en cas de besoin », souligne Cédric Gueyraud, « l’important étant que le résident fasse les choses lui-même. C’est pourquoi, si un jeu s’avère difficile, il est préférable de lui en proposer un autre plutôt que de le faire à sa place. L’estime de soi et le plaisir s’en trouvent nettement améliorés ». Cette approche ne risque-t-elle pas toutefois d’infantiliser les personnes âgées ? Non, répond  Cédric  Gueyraud, « il n’y a pas d’âge pour jouer, à condition de les laisser choisir les jeux. Si un résident se dirige vers une poupée, c’est qu’il en a besoin. Ce n’est pas comme si on la lui mettait dans les bras et qu’on lui demandait de jouer avec ». « Cette stratégie est susceptible de modifier le regard sur la personne malade et de le porter davantage sur ses compétences plutôt que sur ses défaillances. »

www.ladepeche.fr, 10 novembre 2014.