La personne qu’on n’a pas su nommer
Acteurs de l'écosystème Alzheimer
Les aidants / les familles
« Cette dame malade a prononcé le mot “Maman” en voyant sa fille, le lien est là mais il est obscurci par l’absence des repères entraînée par la perte des neurones. Mère, fille, les repères se mélangent. Si la fille se met à pleurer et à crier, la mère malade va être choquée car elle ne comprend pas que c’est elle qui a déclenché cette tornade », écrit Colette Roumanoff. « Dans la personne qui pleure et qui crie, elle ne va pas reconnaître sa fille, il y a une personne avec qui elle avait une relation d’affection, maintenant hors d’atteinte. Cette personne, qu’elle n’a pas su nommer, exprime de l’hostilité. Cette hostilité est reçue cinq sur cinq par la malade et fait obstacle à toute forme de relation. La maladie d’Alzheimer oblige à repenser la relation, à l’approfondir. De quoi cette personne qui a été ma mère a besoin pour se sentir bien ? Elle a besoin d’un sentiment de sécurité. Les pleurs et les cris ne vont pas faire reculer la maladie mais vont l’aggraver. C’est le B.A. BA de la relation avec toute personne malade. On ne vient pas voir une malade pour lui reprocher sa maladie, sous le fallacieux prétexte qu’on l’aime et qu’on ne supporte pas de voir ce qu’elle est devenue. La maladie d’Alzheimer oblige à repenser la relation de soin. Traiter la personne comme si elle n’était un corps, « le nursing », c’est une autre manière de nier la personne. Elle est là, différente, mais elle est là, dans le présent, avec son ressenti et ses repères manquants. Elle attend quelque chose. Elle attend un sourire, une approbation, une validation, quelque chose qui lui permettrait de se détendre et d’oublier l’inquiétude qui l’assaille dès que quelqu’un la regarde de travers, avec mépris, pitié, énervement ou colère. »
http://bienvivreavecalzheimer.com/prendre-du-recul-ou-de-la-hauteur-changer-son-regard/, 5 février 2019.