La nuit introuvable, de Gabrielle Tuloup

Société inclusive

Date de rédaction :
12 juin 2020

« Depuis quelque temps la vie est parfois un peu floue. J’ai du mal à distinguer hier d’avant-hier, et les mots qui ont une consonance proche prennent un malin plaisir à jouer à cache-cache les uns derrière les autres. Évidemment, il y a des ruses, noter l’heure des rendez-vous, ne pas oublier la liste des courses, trouver un synonyme quand le mot juste file dans un recoin du cerveau. On peut toujours réussir – pour un temps au moins – à garder haute cette tête qu’on finira par perdre tout à fait. On peut s’arranger, comme je l’ai fait, pour remballer les angoisses loin derrière le décor et faire bonne figure. Puisque Alzheimer a choisi d’élire domicile dans mes souvenirs, j’ai décidé d’être polie : j’ouvre la porte. On ne s’oppose pas à un être de cette envergure », écrit le narrateur. Nathan Weiss vient d’avoir quarante ans lorsqu’il reçoit un appel d’une inconnue : sa mère Marthe souhaite le revoir en urgence. Cette mère, voilà quatre ans, depuis le décès de son père, qu’il s’efforce de l’oublier. Ce n’est pas un hasard s’il s’est expatrié jusqu’en Slovénie. Il va pourtant obéir et revenir à Paris. Sa mère a changé : elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer et ne le reconnaît presque plus. Nathan apprend alors que Marthe a confié huit lettres à sa voisine, avec pour instruction de les lui remettre selon un calendrier précis. Il se sent manipulé par ce jeu qui va toutefois l’intriguer dès l’ouverture de la première lettre. Ces textes d’une mère à son fils, d’une poignante sincérité, vont éclairer Nathan sur la jeunesse de Marthe, sur le couple qu’elle formait avec son mari Jacques, la difficulté qu’elle avait à aimer ce fils envers qui elle était si froide. Tandis qu’il découvre ce testament familial, Nathan se débat avec ses amours impossibles, sa solitude, ses fuites. Et si la résolution de ses propres empêchements de vivre se trouvait dans les lettres que Marthe a semées pour tenter de réparer le passé ? « Dans ce premier roman, d’une écriture sensible et poétique, Gabrielle Tuloup décrit l’émouvant chassé-croisé de deux êtres qui tentent de se retrouver avant que la nuit recouvre leur mémoire », écrit l’éditeur Philippe Rey. « Il est souvent des relations compliquées entre les parents et les enfants, entre une mère et son enfant pour des raisons que les deux ne connaissent pas toujours, pour des silences, des éléments jamais racontés, pour ce qu’on croit être de la pudeur quand il n’est souvent qu’un manque de courage. Il est aussi des livres qui nous happent dès la première page, à l’écriture sensible et poétique, qui nous procure en très peu de pages un immense plaisir de lecture », écrit Jean-Louis Zuccolini, de Froggy Delight.

Tuloup G. La nuit introuvable. 1er février 2018. Paris : Philippe Rey. 160 p. ISBN : 978-2-8487-6644-7. www.philippe-rey.fr/livre-La_nuit_introuvable-370-1-1-0-1.html, 1er février 2018. www.froggydelight.com/article-20146-La_nuit_introuvable.html, 14 mars 2018.