La notion d’habitat intermédiaire n’est pas nouvelle
Société inclusive
Le sociologue Dominique Argoud, président du conseil scientifique de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA), a dressé un portrait socio-historique du rapport entre domicile et établissements des années 1960 à aujourd’hui, dans le cadre des rencontres de la CNSA du 6 juillet 2021. Il rappelle que la recherche de maillons intermédiaires n’est pas récente. Durant les années 1960, les politiques publiques favorisent les conditions de vie plutôt que l’accompagnement de la perte d’autonomie. Les logements-foyers (aujourd’hui résidences autonomie) ont émergé dans ce cadre d’une intégration sociale très large. La dichotomie entre le pôle du domicile et celui de l’institution date des années 1970 et 1980. Face aux limites du système, dans les années 1970, des acteurs souvent associatifs tentent de créer des maillons intermédiaires : naissent les formules d’accueil de jour, d’hébergement temporaire, d’accueil familial. En réaction au modèle institutionnel sont créées des petites unités de vie avec l’objectif de trouver des formes d’établissements plus proches du domicile. Mais dans les années 2000, la création des EHPAD, une réforme de la tarification et de la prise en charge de la dépendance obligent des petites unités de vie et des logements-foyers à se couler dans le moule de l’EHPAD. Aujourd’hui, le mouvement de balancier continue, observe Dominique Argoud, mais les tendances se reconfigurent différemment. Cette porosité entre domicile, établissement et cité, se traduit dans le rapport prospectif de la CNSA de 2019 sur le virage domiciliaire. L’Etat, qui essaie d’encourager le mouvement, met en avant les parcours de soins et soutient l’habitat inclusif.
Hospimédia, 6 juillet 2021.