La mémoire aux oubliettes, de La Bande à Loulou

Société inclusive

Date de rédaction :
12 juin 2020

Sur scène, on peut rire de tout et surtout de son quotidien. Celui de La Bande à Loulou, c’est la maladie et l’oubli, deux maux qu’ils côtoient tous les jours en prenant soin de leurs patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Pour sensibiliser autour de cette cause, les soignants ont décidé de la tourner au ridicule dans une pièce intitulée La mémoire aux oubliettes. Jean la Mule, le roi du boulevard, comédien de théâtre et de cinéma, très populaire, génie comique qui a connu tous les succès, est atteint par les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer. Sa carrière est de plus en plus hypothéquée par les conséquences des symptômes. Voilà qui plante le décor. Jean la Mule n’est pourtant pas l’acteur principal de la pièce. L’héroïne masquée, c’est la maladie, sa progression, ses répercussions. À chaque nouvelle étape de sa progression, à chaque évolution de la maladie, une vidéo projette en toile de fond les explications scientifiques et médicales de cet oubli grandissant. De l’oubli de passage d’un texte, à celui de certains aspects de son quotidien à la perte des fondamentaux de l’être humain, la comédie de boulevard ne peut refréner la fin dramatique des symptômes cliniques. Cette pièce a été écrite par Louis Pelaez, qui dirige Polydom, une structure lyonnaise de maintien à domicile, dans le cadre de Festiv’Alzheimer, un festival lyonnais dont le but est de dédramatiser la maladie. La pièce n’avait pas pour vocation de partir en tournée, mais devant la demande, les « acteurs d’Alzheimer » se sont adaptés. Ils ont joué mi-janvier 2018 au Théâtre de la Grille verte à Saint-Étienne. L’association des commerçants de Chadrac (Haute-Loire) et France Alzheimer 43 se sont associées pour proposer cette représentation à la Maison pour tous, suivie d’un moment d’échanges entre les comédiens soignants et le public. « Les malades d’Alzheimer ont une compétence affective », explique Daniel Lachize, président de Loire Alzheimer. Un postulat qu’il reformule à l’envi : « le malade ne se rappelle pas, il ne sait pas, mais il ressent », autrement dit, ses facultés émotives ne sont pas atteintes. Et c’est par là que la relation au malade peut s’exprimer, relève Louis Pelaez, Il poursuit : « nous n’avons pas de traitement efficace de la maladie à moins d’agir sur les symptômes. Le meilleur médicament que nous ayons trouvé, c’est le plaisir ».

www.leveil.fr/chadrac/loisirs/fetes-sorties/2018/01/31/des-soignants-se-moquent-dalzheimer_12722063.html, 31 janvier 2018.