La fragilité chez les 50 ans et plus en France et en Europe. Deux décennies d’évolution et d’inégalités à partir des données de l’enquête SHARE
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L’enquête européenne sur le vieillissement SHARE est mobilisée ici pour mesurer la fragilité chez les plus de 50 ans (selon la définition de Linda Fried). Le phénotype de fragilité proposé par Fried et al (2001) repose sur une conception de la fragilité comme dégradation de cinq attributs fonctionnels de référence (énergie, mobilité, activité physique, poids, force musculaire). L’enquête SHARE fournit des données longitudinales fiables collectées depuis 2003 dans 27 pays européens.
Sur l’ensemble de la période, la fragilité est rare avant 75 ans mais concerne, en moyenne, plus d’une personne sur quatre après 75 ans. Elle est systématiquement plus fréquente chez les femmes, avec un surcroît de fragilité de 4 à 7 % selon la période. L’analyse fait apparaître de claires inégalités sociales de fragilité, plus marquées chez les femmes. Ainsi, chez les Européennes de 75 ans et plus, ne pas avoir fait d’études au-delà du deuxième cycle ou déclarer des difficultés à équilibrer son budget sont associés à des niveaux de fragilité supérieurs de 17 %.
L’ampleur des inégalités sociales s’est légèrement accrue chez les hommes et a fluctué selon la période, la catégorie d’âge ou le pays chez les femmes. Ces inégalités semblent toutefois s’accroître au-delà de 75 ans chez les femmes dans la plupart des pays d’Europe au cours des dernières années, y compris depuis la pandémie de Covid-19.
Ce constat appelle à considérer la dimension d’équité sociale dans les politiques de dépistage et de prévention de la fragilité mises en œuvre aussi bien que dans l’accès aux dispositifs d’aide et de soins.