La démence sémantique : un « monde qui rétrécit »

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
29 mai 2020

« Ma mère aimait le langage. Depuis l’âge de 13 ans, elle remplissait une grille de mots croisés par jour, connaissait les noms latins de toutes les plantes de son jardin, ne demandait que des livres pour son anniversaire et aimait réciter des poèmes qu’elle avait appris durant son enfance », écrit Clare Cooper-Raine, dans le Journal of Dementia Care. À l’âge de 72 ans, sa mère s’est arrêtée de parler et n’émet plus que des bruits. Elle est toujours active, mange bien, marche, sourit mais elle a perdu le langage. « Ma mère a désappris, pas seulement le langage, mais aussi la reconnaissance des visages, ses souvenirs, sa confiance en elle : elle essayait de faire de son mieux dans un monde qui rétrécissait. » La démence sémantique efface les mots, en commençant par les noms. Les livres deviennent de plus en plus difficiles à lire à mesure que le vocabulaire disparaît. Les phrases ne peuvent plus être comprises : elles gardent une structure mais avec peu de contenu. Des épisodes ou des chapitres entiers sont oubliés. Les livres les plus anciens se désintègrent. Il devient difficile de suivre les films ou les séries télévisées. Nous avons décidé de nous donner nos propres règles. Nous avons trouvé ce qui plaît à ma mère : les Simpsons, le karaoke, les chants de Noël toute l’année, jouer avec un abaque, jouer au snap [un jeu de cartes où les joueurs retournent en même temps une carte : le premier joueur qui repère 2 cartes de même valeur dit « snap » et remporte la mise. Ce jeu, très facile, demande de l’attention], jouer au loto avec des images, faire des puzzles. Aucune de ces activités ne demande beaucoup de paroles, mais elles permettent de participer de façon calme et de passer le temps. Le caractère familier de l’environnement est capital. »

J Dementia Care, septembre-octobre 2019.