Jouer : une inscription dans la vie collective

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
18 avril 2015

L’anthropologue Laurence Hardy observe que « les études sur les pratiques de loisirs des personnes âgées de plus de soixante-cinq ans ne révèlent pas une forte appétence aux jeux. Ce qu’elles montrent pourtant, c’est que cette activité baisse très faiblement avec l’avancée en âge. Ce sont les activités domestiques qui sont valorisées et celles en lien avec le jardinage. La fragilité oblige alors parfois à y renoncer. Ce qui est important, c’est que la personne ne soit pas exclusivement dans le renoncement, il faut qu’elle puisse avoir la possibilité de faire des choix afin d’être actrice de sa vie. Si on vieillit comme on a vécu, demain, les personnes âgées participeront davantage au monde des loisirs. L’effet de génération est très fort encore aujourd’hui ; c’est un élément d’explication de la faible participation aux animations. » Mais le jeu peut être un outil au service de la “déprise”, ajoute Laurence Hardy : « si les personnes âgées perdent prise sur certaines choses ou relations, elles peuvent conserver des registres d’activité et des contacts qui leur tiennent vraiment à cœur. De passives, elles peuvent rester actives en mobilisant des rôles sociaux certes retravaillés au fil de la vie, mais ne disparaissant pas totalement avec la vulnérabilité. De plus, le jeu est une manière de prendre de la distance à l’égard des déterminations qui, dans la vie sociale, fixent l’individu à sa place et le situent dans le monde qui l’entoure. Le jeu peut favoriser l’inscription dans la vie collective par une appropriation des rôles qu’il peut proposer. Il mobilise le corps, active des émotions qui vont de la joie à la tristesse parfois. Il peut être un activateur de plaisirs et de lien social. Ce qui est central, c’est qu’il fasse sens et qu’il permette de réveiller des plaisirs et des souvenirs. C’est aussi un moyen de montrer qu’il est possible d’acquérir de nouvelles pratiques jusqu’à de nouvelles compétences. Le rôle de l’animateur en gérontologie est donc à la fois d’encourager sans forcer, de « mettre en appétit » sans infantiliser. »

Hardy L. Jeu et déprise. Doc’animation 2015 ; 50 : 19-20. Mars-avril 2015.