Jardins thérapeutiques : quels effets pour la personne malade et son entourage ?
Société inclusive
A l’EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes de Saint-Quirin, en Moselle, un réveil sonne chaque matin un peu plus tôt. Ce réveil, c’est celui d’un résident, qui se lève à l’aube pour descendre s’occuper des quelques poules que l’établissement accueille depuis mai dernier. Les oiseaux ne sont pas arrivés là par hasard. Ils font partie d’un projet plus global, celui de l’installation d’un jardin thérapeutique, explique Perrine Signoret, de ConsoGlobe. Fleurs, arbres du monde entier et potager s’y côtoient sur une surface de mille deux cents mètres carrés. « La demande de créer un jardin thérapeutique est venue du personnel soignant », explique Éric Morgenthaler, directeur de l’EHPAD, qui s’est inspiré du rapport publié en janvier 2013 par la Fondation Médéric Alzheimer, concluant qu’un tel jardin pouvait « contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des résidents ». Mais les effets vont bien au-delà : ainsi, un jardin thérapeutique pourrait réduire l’intensité du stress et des angoisses, favoriser « les liens familiaux et l’ouverture sur l’environnement local », « éveiller les sens » et ainsi solliciter la mémoire lointaine, ou encore « ouvrir la voie à l’imagination et à la valorisation des savoir-faire ». Quant aux soignants, ils seraient plus à même de saisir les aspects émotionnels de la maladie d’Alzheimer, rien qu’en décryptant l’attitude du résident au contact des plantes. Après quelques mois de test grandeur nature, Éric Morgenthaler semble loin de regretter son choix. Parmi les bénéfices, il cite une baisse significative des angoisses des résidents, selon lui due en partie au « décloisonnement » du service Alzheimer. « On a toujours eu la chance d’avoir un bel établissement en milieu rural, à la lisière d’une forêt, mais le problème c’est que les unités Alzheimer restaient fermées, parce que le terrain n’était pas sécurisé, raconte-t-il. Aujourd’hui, les résidents sortent, sans être accompagnés : il n’y a plus cette notion d’enfermement ». Ce regain d’indépendance s’est souvent doublé d’une autonomie grandissante. Grâce à des gestes simples, comme le soin des poules ou l’entretien du potager, certains sembleraient avoir retrouvé un « sens » à leur quotidien. Plus inattendu, le jardin thérapeutique aurait également eu des retombées positives sur les familles des résidents. « Souvent, lorsqu’on met un proche dans une unité comme celle-ci, on culpabilise beaucoup, explique le directeur de l’EHPAD. Se retrouver dans un cadre extérieur agréable, avec des plantes, une forêt, ça aide à déculpabiliser ». « Il n’y a plus cette notion d’institutionnalisation, ni même d’enfermement de leur proche », ajoute Eric Morgenthaler.
www.consoglobe.com/jardins-therapeutiques-cg#7OZ4VJUovwSc5br0.99. Guisset-Martinez MJ, Villez M et Coupry O. Jardins : des espaces de vie au service du bien-être des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de leur entourage. Rapport d’étude n°3.Paris : Fondation Médéric Alzheimer. Janvier 2013. www.fondation-mederic-alzheimer.org/content/download/15496/68745/file/2013%20Rapport%20JARDIN%20septembre%202013.pdf (texte intégral).