Jardins thérapeutiques Mars 2014
Interventions non médicamenteuses
« La mode est aux jardins thérapeutiques », écrit Florence Sahal, dans Doc’Animation. Marion Villez, sociologue, adjointe de la responsable du pôle Initiatives locales à la Fondation Médéric Alzheimer et co-auteur d’un rapport d’étude sur les jardins, rappelle que les bénéfices thérapeutiques des jardins font l’objet d’études, menées notamment par Thérèse Rivasseau-Jonveaux, neurologue au CHU de Nancy. « Si le mot “thérapeutique” peut avoir un effet rassurant, il reflète la suprématie du paradigme médical avec lequel on lit la maladie d’Alzheimer : les soignants souhaiteraient la guérir ou au moins se sentir utiles de manière quantifiable. Il est encore difficile pour eux de se dire que partager un moment convivial avec un résident fait aussi partie de leur travail », explique Marion Villez. Des créations de jardins peuvent-elles se solder par des échecs ? Oui, répond-elle : « C’est ce que nous avons appelé le “jardin vitrine” : le lieu est beau, il dispose quelquefois de divers équipements, mais il n’est investi ni par les équipes ni par les résidents. Les raisons sont variables : la peur de l’accident ou simplement des professionnels trop pris par d’autres tâches. Or nous avons observé, dans les projets que nous présentons, qu’utiliser un jardin peut nécessiter de modifier sa manière de travailler. Ainsi, à l’hôpital de Nancy, aux beaux jours, les psychologues réalisent parfois leurs entretiens avec le résident ou la famille dans le jardin plutôt que dans le bureau. Ce qui permet souvent des relations plus apaisées. Par ailleurs, le jardin permet d’accompagner autrement les personnes malades. Aller s’asseoir sur un banc avec un résident fait partie du travail des professionnels si cela permet de lui faire du bien et d’améliorer sa qualité de vie. En résumé, pour qu’un jardin apporte un réel bénéfice, il faut un engagement de tous et notamment de l’encadrement, qui doit inciter son équipe à s’approprier ce lieu et favoriser l’implication des familles. Ainsi, à Nancy, il y a des fêtes avec les familles mais aussi des moments plus informels pour que tous puissent se saisir de ce lieu et éviter le tête-à-tête dans la chambre, parfois pesant. Mais c’est aussi parce que l’hôpital a fait un important travail de communication et de sensibilisation pour que les familles et les professionnels investissent le lieu.
Doc’Animation, janvier-février 2014. Guisset-Martinez MJ et al. Jardins : des espaces de vie au service du bien-être des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et de leur entourage. Fondation Médéric Alzheimer. Rapport d’étude n°3. Janvier 2013. www.fondation-mederic-alzheimer.org/Nos-Travaux/Nos-etudes (texte intégral). Rivasseau-Jonveaux T et al. Healing gardens and cognitive behavioral units in the management of Alzheimer’s disease patients: the Nancy experience. J Alzheimers Dis 2013; 34(1): 325-338. 1er janvier 2013. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23207487. Rivasseau-Jonveaux T. Healing gardens: recommendations and criteria for design. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2012 ; 10(3): 245-253. 1er septembre 2012. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/23015232.