Italie : l’inégalité d’accès aux soins des personnes âgées atteintes de troubles cognitifs durant la pandémie

Acteurs de l'écosystème Alzheimer

Date de rédaction :
09 juillet 2020

A l’hôpital Versilia de Lucques, en Toscane, le neurologue Gabriele Cipriani et le psychiatre Mario Di Fiorino, racontent la progression de l’épidémie de covid-19 en Italie depuis le 31 janvier 2020. La surmortalité de 12 %, plus élevée que dans les autres pays, s’explique en partie par la proportion plus élevée de personnes âgées dans la population générale. Chez les personnes âgées de 80 à 89 ans, la mortalité liée au covid-19 atteint 31 %. La maladie d’Alzheimer et les maladies apparentées sont l’une des comorbidités les plus fréquentes (11,9 %) chez les personnes atteintes de covid-19. En période de saturation des services hospitaliers, le Collège italien d’anesthésie, analgésie, réanimation et soins intensifs a publié une recommandation qui choque les deux praticiens : « il peut devenir nécessaire d’établir une limite d’âge pour l’accès aux soins intensifs, ce qui signifie de laisser mourir les personnes trop âgées pour avoir de bonnes chances de se remettre de la maladie ou qui ont trop peu d’années à vivre. » Ainsi, les patients atteints de maladies chroniques et les personnes âgées, notamment celles atteintes de la maladie d’Alzheimer, pourraient ne pas être traitées, les soins étant réservés aux personnes en meilleure santé et/ou plus jeunes. Pour les auteurs, la discrimination selon l’âge ou l’incapacité est inacceptable. Les patients n’ayant aucune chance de survie doivent bénéficier de soins palliatifs. Lorsque cette pandémie s’arrêtera et que l’humanité survivra, quel regard porteront sur nous les personnes âgées ? s’interrogent les auteurs.

Cipriani G et Di Fiorino M. Access to Care for Dementia patients suffering from COVID-19. Am J Geriatr Psychiatr, 14 avril 2020. www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7162751/pdf/main.pdf (texte intégral).