Interventions psychosociales : résultats négatifs
Interventions non médicamenteuses
Certains essais cliniques évaluant l’efficacité d’interventions psychosociales chez des personnes atteintes de troubles cognitifs et/ou de leurs aidants, menés avec une méthodologie rigoureuse, ne montrent aucune différence entre le groupe bénéficiant de l’intervention et le groupe témoin. Ces résultats négatifs ne sont pas toujours publiés. En Espagne, le neuropsychologue Javier Oltra-Cucarella et ses collègues, de l’hôpital général universitaire Santa Maria del Rosell à Murcie, analysent les biais potentiels des méthodes statistiques utilisées dans les méta-analyses [résultats obtenus en agrégeant les données de plusieurs études]. Ils écrivent : « les hypothèses sur lesquelles sont fondées les interventions cognitives pourraient être inadéquates. Il faut peut-être changer le type d’intervention ou utiliser d’autres critères que ceux des tests standardisés. » Parfois, tout ne se passe pas comme les chercheurs l’avaient prévu. Ainsi, au Royaume-Uni, un essai contrôlé et randomisé mené par Robert Woods, du Centre de développement de services pour la démence de l’Université de Bangor (Pays-de-Galles), a testé l’efficacité de groupes de réminiscence auprès de cinq cents personnes atteintes de démence et trois cent cinquante couples aidant-aidé (REMCARE). Aucun effet. Les chercheurs observent que les bénéfices potentiels pour les personnes malades sont contrebalancés par une augmentation de l’anxiété et du stress des aidants familiaux. Ces observations doivent être approfondies, et pourraient nécessiter une remise en question du mouvement de promotion des interventions conjointes pour la personne aidée et pour l’aidant.
Parfois, une intervention ayant fait les preuves de son efficacité dans un certain contexte n’est pas reproductible dans un autre. Ainsi, une intervention multi-dimensionnelle sur l’humeur, le comportement et la santé physique, développée avec succès aux Etats-Unis, a été adaptée par l’équipe d’Anne Margriet Pot, du département de psychologie clinique de l’Université libre d’Amsterdam, auprès de cent onze couples aidant-aidé (Prick AE et al). Aucun effet. Les chercheurs évoquent comme explication des différences par rapport à l’intervention initiale : la traduction, l’adaptation et le raccourcissement de la durée de l’intervention, ainsi qu’un contexte social différent. Il se peut aussi que le contexte de soins et d’accompagnement néerlandais, dans ce cadre universitaire expérimenté, offre peu de place à l’amélioration.
Oltra-Cucarella J et al. Are Cognitive Interventions Effective in Alzheimer’s Disease? A Controlled Meta-Analysis of the Effects of Bias. Neuropsychology, 7 avril 2016. www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27054438.
Prick AE et al. The effects of a multi-component dyadic intervention on the psychological distress of family caregivers providing care to people with dementia: a randomized controlled trial. Int Psychogeriatr 2015; 27(12): 2031-2044. 25 mai 2015.
www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4820235/pdf/cia-11-383.pdf (texte intégral).
Woods RT et al. REMCARE: Pragmatic Multi-Centre Randomised Trial of Reminiscence Groups for People with Dementia and their Family Carers: Effectiveness and Economic Analysis. PLoS ONE 11(4): e0152843. 19 avril 2016.
http://journals.plos.org/plosone/article/asset?id=10.1371%2Fjournal.pone.0152843.PDF (texte intégral).