Interventions non médicamenteuses : validation et formation des professionnels
Droit des personnes malades
A l’occasion de la publication du guide Interventions non médicamenteuses et maladie d’Alzheimer, comprendre, connaître, mettre en oeuvre de la Fondation Médéric Alzheimer, le Pr Grégory Ninot, qui dirige la plateforme universitaire collaborative d’évaluation des programmes de prévention et de soins de support (CEPS) à Montpellier, rappelle qu’il a fallu près de 50 ans pour qu’un processus de validation quasiment consensuel des interventions non médicamenteuses puisse être mis en œuvre. En 2011, un rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) demandait de valider les thérapeutiques non médicamenteuses. La mesure 83 du plan maladies neurodégénératives (PMND) 2014-2019, indique qu’il est nécessaire d’évaluer les interventions non médicamenteuses. Ce plan a été une révolution qui a accéléré le financement de la recherche dans ce domaine, explique-t-il : on est aujourd’hui dans une étape de normalisation qui doit conduire à la production de référentiels, et pas uniquement d’études, pour le transfert des connaissances vers la pratique. Pour lui, ce guide va permettre d’améliorer la mise en œuvre de ces pratiques, d’en avoir un contrôle qualité. C’est le premier travail de ce type en France a-t-il salué, regrettant, jusqu’à ce document, une logique très disciplinaire dans le milieu, avec des recommandations souvent en anglais. Il a aussi noté, dans le rapport Jeandel-Guérin sur l’évolution des soins en EHPAD et unités de soins de longue durée (USLD) du 5 juillet 2021, la recommandation qui suggère de « promouvoir et prioriser en EHPAD les interventions non médicamenteuses assorties d’un niveau de preuves suffisant et validées par un centre national de preuves. »
Pour Christine Tabuenca, directrice générale de la Fondation Médéric Alzheimer, ce guide constitue une première étape indispensable pour faire de ces interventions non médicamenteuses un élément incontournable du parcours de soins. Des retours des professionnels permettront de l’améliorer et d’aller plus loin dans l’essaimage de ces interventions. Christine Tabuenca regrette l’absence des interventions non médicamenteuses dans les 10 mesures de la feuille de route succédant au dernier PMND. La feuille sera enrichie d’une 11e mesure sur ces interventions d’ici fin 2021, mais la question du financement demeure. Sur le plan de la formation, la Fondation espère ouvrir en septembre 2021 le premier diplôme universitaire (DU) « interventions psychosociales et environnementales », destinée aux professionnels de santé expérimentés. Outre la Fondation Médéric Alzheimer, ce DU est porté par l’université de Caen et par Kévin Charras, directeur du Living Lab Vieillissement et Vulnérabilités au CHU de Rennes. La Fondation lancera en 2022 un appel à projets pour évaluer les interventions non médicamenteuses et financera une étude d’efficacité.
Gérontonews, 7 juillet 2021.