Intervenir en prison (2)

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
16 février 2012

Pour le sociologue Ronald Aday, auteur d’un ouvrage sur la crise du vieillissement dans les établissements pénitentiaires, « la population de détenus atteints de démence va s’accroître considérablement ». De nombreux directeurs de prison voudraient transférer les personnes malades en maison de retraite, mais le passé criminel, souvent pour des meurtres violents, n’incite ni à la libération sur parole, ni à l’accueil de ces personnes dans un établissement d’hébergement. L’Etat de New York a mis en place une unité spécifique pour les détenus ayant des troubles cognitifs, accompagnés d’aidants professionnels, pour un coût élevé : quatre-vingt-treize mille dollars (soixante-neuf mille euros) par an, plus du double du coût observé en population pénitentiaire générale (quarante-et-un mille dollars). D’autres Etats, comme la Louisiane et la Californie, ont adopté une approche moins coûteuse mais potentiellement plus risquée : former des détenus à devenir aidants. Habillés de jaune (Gold Coats) pour les distinguer des autres détenus, vêtus de bleu, ils sont formés par l’Association Alzheimer locale, disposent d’un volumineux manuel sur la démence, ont une meilleure connaissance de la situation des prisonniers que bien des gardiens et savent détecter très tôt les premiers signes de la maladie. « Sans eux, nous ne saurions pas bien nous occuper des détenus atteints de démence », explique Cheryl Steed, psychologue, qui organise avec les Gold Coats une réunion de suivi hebdomadaire. Avant la mise en place du programme, en 2009, les détenus atteints de démence étaient souvent à l’origine de bagarres, frappant les personnes qui leur semblaient menaçantes ou dérangeant les autres prisonniers en empiétant sur leur territoire. « L’atmosphère était globalement hostile », témoigne Bettina Hodel, qui a failli être frappée. Maintenant, les comportements difficiles sont contenus en grande partie par les Gold Coats. Les détenus aidants sont payés cinquante dollars (trente-sept euros) par mois. 

New York Times, 25 février 2012. www.nytimes.com/2012/02/26/health/dealing-with-dementia-among-aging-criminals.html?_r=1. Aday RH. Aging Prisoners : Crisis in American Corrections. Westport: Praeger. Mars 2003. 250 p.  ISBN 978-0275971236. http://books.google.fr/books?id=Rp4zdieZE40C&pg=PA9&lpg=PA9&dq=Aging+Prisoners+:+Crisis+in+American+Corrections.