Infirmières de nuit en EHPAD : comment améliorer les soins d’urgence ?
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Les professionnels
La présence des infirmières de nuit en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) ne fait pas l’unanimité parmi les médecins coordonnateurs, malgré une volonté du gouvernement de généraliser ce dispositif : 10 millions d’euros ont été programmés dans la loi de financement de la sécurité sociale en 2019. Renaud Marin La Meslée, président du syndicat des généralistes et des gériatres intervenant en EHPAD (SNGIE), demande que soit d’abord comblé le déficit des personnels de jour avant de s’intéresser au personnel de nuit. Il conviendrait selon lui de travailler à une meilleure organisation au sein des établissements, en particulier aux heures les plus critiques de la journée et mettre fin à cette « cassure » dans la journée au cours de laquelle, en moins d’une demi-heure, les effectifs passent de 35 à 2 soignants. Pour le Pr Olivier Hanon, responsable scientifique du gérontopôle d’Ile-de-France, l’enjeu est la gestion des hospitalisations en urgence. Le nombre et la durée des hospitalisations diminuent après un passage aux urgences lorsque les patients sont adressés par un EHPAD doté d’une infirmière de nuit. La gestion des urgences est un sujet révélateur des relations souvent complexes entre l’hôpital et les EHPAD, en raison d’une méconnaissance réciproque, d’outils de transmission désuets et d’un manque de coopération entre les deux systèmes, estime Patrick Pelloux, président de l’Association des médecins urgentistes de France. Des initiatives émergent dans les territoires : ainsi, le projet Assure (Améliorer les soins d’urgence en EHPAD), porté par l’Association des médecins coordonnateurs de Picardie, l’Agence régionale de santé des Hauts-de-France et les CHU de Lille et d’Amiens, construisent avec les urgentistes des fiches de liaison, permettant aux aides-soignantes de reconnaître une fausse urgence et de pouvoir préparer leur appel aux urgences en donnant toutes les informations nécessaires.
Le Journal du médecin coordonnateur, octobre-décembre 2018.