Individualisation, sur-mesure et bricolage : l’adaptation des technologies d’assistance aux besoins des utilisateurs
Innovation
Grant Gibson, de la Faculté des sciences sociales de l’Université de Stirling, et ses collègues de l’Université de Northumbria à Newcastle (Royaume-Uni), rappellent que les technologies d’assistance dans le domaine de l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer, sont promues avec le double objectif de faciliter le maintien à domicile et d’améliorer l’efficacité de l’aide et des soins. Ces technologies s’appuient aujourd’hui essentiellement sur des solutions standard, sans que l’on sache vraiment comment elles sont utilisées par les personnes malades et leurs aidants dans la vie de tous les jours. Les chercheurs ont interrogé 13 personnes malades et 26 aidants familiaux. Les technologies de la vie quotidienne sont utilisées avec ou en substitution de technologies d’assistance, parfois de façon redondante, pour répondre à des besoins divers. Pour réussir à utiliser les technologies, les personnes malades et leurs aidants « bricolent », c’est-à-dire adaptent les solutions de manière non conventionnelles à leurs propres besoins, en affichant des notes et des instructions, en couvrant de bande adhésive les boutons trop compliqués sur une radio ou une machine à laver, en détournant des objets de leur usage premier. Ainsi, un coq qui chante quand on s’approche de lui grâce à un détecteur de présence est utilisé devant la porte d’entrée pour annoncer que quelqu’un arrive ou s’en va. D’autres arrangements de technologie, plus complexes, associent ordinateur portable, téléphone mobile, caméra sur Internet ou circuit fermé de télévision, pour créer leur propre système de « télé-accompagnement ». Les aidants s’engagent ainsi de façon créative dans l’utilisation des technologies d’assistance ou des technologies de la vie quotidienne, sans y être soutenus par les services sanitaires ou sociaux de proximité, faisant de ce « bricolage » un processus potentiellement frustrant lorsqu’il ne fonctionne pas, voire un pur gaspillage. Toutefois, pour les chercheurs, ce « bricolage » permet de construire un cadre d’analyse de l’utilisation des technologies de la vie quotidienne. A l’avenir, la conception des technologies d’assistance et des services associés devrait tenir compte de leur utilisation dans de nouvelles formes d’accompagnement individualisées et adaptatives.
Gibson G et al. Personalisation, customisation and bricolage : how people with dementia and their families make assistive technologies work for them. Aging Society, 23 mai 2018. http://nrl.northumbria.ac.uk/34241/1/bricolage%20paper%20final%20version.pdf (texte intégral). http://dementia.stir.ac.uk/system/files/filedepot/66/1.2_grant_gibson_how_do_people_with_dementia_make_assistive_technology_work_for_them.pdf, http://dementiaevents1.blogspot.fr/p/research-projects.html, mai 2018.