Inclusion : l’évolution des concepts
Droit des personnes malades
Politiques
Pendant longtemps, le concept d’intégration a été privilégié en France mais depuis quelques années, c’est l’inclusion qui émerge, écrit Alexandra Marquet, de Doc’Accompagnement, qui consacre un dossier à ce sujet. Au- delà d’une évolution lexicale, c’est une révolution de l’accompagnement qui est prônée : l’intégration suppose que la personne en situation de handicap « entre dans le moule » et s’adapte à son environnement, avec l’inclusion, c’est le contraire. La société doit ainsi s’adapter aux particularismes de chaque individu. Cette évolution récente des mentalités en France s’est progressivement développée, soutenue notamment par la loi handicap du 11 février 2005 et la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement (ASV) du 14 février 2015. Le concept d’inclusion est né il y a plusieurs décennies dans la société anglo-saxonne. En France, c’est le système institutionnel qui s’est imposé au sortir de la seconde Guerre mondiale avec une logique de protection et la création massive d’établissements médico- sociaux. « D’une perspective d’intégration-assimilation et de normalisation, on est passé à une volonté d’accepter chaque citoyen pour ce qu’il est en accompagnant les fragilités et en adaptant les environnements », écrit Rachel Le Méjauté, coordinatrice animation en EHPAD (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Pour elle, l’établissement organise autour des personnes âgées une microsociété nécessaire mais non suffisante pour qu’il y ait inclusion sociale. « Les anciens le disent régulièrement : “j’en ai marre de tous ces vieux !” La vraie vie est ailleurs, elle est dans la cité, avec les autres générations. Ils veulent exercer leur citoyenneté, profiter d’activités culturelles et de loisirs, et rester en lien avec le monde extérieur. A l’animateur, donc, d’adapter les actions pour que les expériences de vie soient encore réalisables malgré la dépendance. A lui d’impulser la dynamique pour lever les freins et changer les représentations. A lui aussi d’accompagner les personnes âgées hors les murs en équilibrant liberté et sécurité, plaisir et contraintes environnementales. » Les obstacles liés à l’environnement social et physique ne manquent pas : une sortie au centre commercial, au restaurant ou au parc relève souvent du parcours du combattant.
Doc’Accompagnement, septembre-octobre 2018.