Incidence et prévalence relatives de la démence : en baisse

Prévention

Date de rédaction :
12 mai 2016

« Les cas de démence affichent une nette baisse au Royaume-Uni [par rapport aux deux dernières décennies], en particulier chez les hommes, » rappelle Fabrice Gzil, docteur en philosophie et responsable du pôle Études et recherche de la Fondation Médéric Alzheimer, dans un entretien avec Thomas Gorriz, du journal en ligne Atlantico. « Plusieurs études, européennes et nord-américaines, montrent des résultats analogues. Mais il ne faut pas se tromper ! Ces études ne montrent pas une baisse du nombre de cas. Elles montrent une baisse de la prévalence et de l’incidence relatives : dans une même classe d’âge, par exemple entre soixante-dix et quatre-vingts ans, la proportion de personnes atteintes a diminué au cours des trois dernières décennies ; et alors même que le nombre de personnes âgées a beaucoup augmenté depuis les années 1980, le nombre de nouveaux cas de démence par an n’a pas beaucoup progressé. En d’autres termes, les générations nées plus récemment ont un risque statistique plus faible de développer des troubles cognitifs incapacitants que les générations nées plus tôt. C’est une nouvelle très importante. Cela signifie que nous sommes déjà en train de faire des progrès en matière de lutte contre les démences, alors qu’il y a peu de temps encore nous ne le savions pas. Mais il faut garder à l’esprit qu’en valeur absolue, comme l’espérance de vie s’allonge, le nombre de personnes atteintes de troubles cognitifs chroniques et évolutifs continue d’augmenter. Notons aussi que dans les études britanniques, c’est dans la population masculine que la prévalence et l’incidence de la démence ont diminué, et que la proportion de cas de démence est restée importante chez les populations à faible revenu. » En France, dans le milieu rural et agricole (cohortes PAQUID et AMI), on constate également une baisse significative de la prévalence relative des déficits cognitifs avec incapacité (38% en 20 ans), ainsi qu’une diminution de l’incidence de la démence chez les femmes, entre les années 1990 et les années 2000. Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour expliquer ces évolutions : un style de vie plus sain pendant l’âge adulte (alimentation, activité physique, arrêt du tabac…) ; la poursuite d’une activité physique et intellectuelle et le maintien d’une vie sociale avec l’avancée en âge ; un meilleur contrôle des facteurs de risque vasculaires (hypertension, cholestérol, diabète…) et psychologiques (anxiété, dépression) ; mais aussi une amélioration globale de l’état de santé et des conditions de vie, une augmentation du niveau d’études, et l’activité professionnelle des femmes.