In memoriam : Jacques Chirac (1932-2019)
Droit des personnes malades
L’ancien président de la République s’est éteint à l’âge de 86 ans. Il était atteint de troubles cognitifs sévères. En 2005, alors qu’il était encore président, il avait eu un accident vasculaire cérébral (AVC) qui avait été aussitôt présenté comme « léger » et « transitoire ». Ce n’est que bien plus tard, en septembre 2011, alors qu’on ne voyait quasiment plus l’ancien président, qu’a couru une rumeur le disant atteint de la maladie d’Alzheimer. Cette rumeur avait été violemment démentie par Bernadette Chirac : « c’est un mensonge… Je ne peux pas accepter que l’on insinue cela. Les médecins lui ont dit qu’il n’a pas la maladie d’Alzheimer. Je les crois. » L’ancien président était atteint depuis plusieurs mois d’anosognosie, avait précisé quelques mois plus tard le rapport médical du professeur Olivier Lyon-Caen, peu avant le procès de Jacques Chirac dans l’affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. Il n’avait pas comparu devant la justice pour raisons médicales. De nombreux journaux présentent l’anosognosie comme la maladie dont était atteint l’ancien président. Ce n’est pas une maladie, mais un symptôme décrivant l’incapacité pour un patient de reconnaître la maladie ou la perte de capacité fonctionnelle dont il est atteint. La cause peut être notamment une maladie dégénérative du cerveau, un trouble vasculaire, une pathologie mentale. C’était « un homme très affaibli pour qui le réel est une notion de plus en plus floue », écrivait Erwan L’Eléouet dans un livre sur Bernadette Chirac. « Un décalage saisissant entre ce qu’il a été – personnalité en mouvement, courant sans arrêt, grand vivant – et ce qu’il est devenu à la fin de sa vie : une présence de plus en plus immobile, s’éteignant peu à peu », écrit Éric Favereau, de Libération. Dans ses dernières années, écrit Béatrice Gurrey, du Monde, « nul ne sait quels méandres son esprit emprunte. L’épaisse carapace derrière laquelle il s’est toujours abrité, forgée par quarante années de vie politique, ne l’a jamais porté aux confidences. Mais il est désormais atteint par une maladie neurodégénérative qui grignote sa mémoire, dégrade ses défenses psychologiques et réduit pratiquement à néant le contrôle extrême qu’il avait de lui-même. »
www.liberation.fr/france/2019/09/26/depuis-l-avc-de-chirac-en-2005-des-annees-d-absences-et-de-rumeurs_1753778, www.lemonde.fr/disparitions/article/2019/09/27/le-tout-petit-monde-des-dernieres-annees-de-jacques-chirac_6013239_3382.html, 27 septembre 2019.