Improvisation théâtrale

Interventions non médicamenteuses

Date de rédaction :
08 juillet 2011

De nombreuses personnes atteintes de démence nouvellement diagnostiquée traversent une période de stress lorsqu’elles se rendent compte qu’elles perdent la mémoire, tout en ayant suffisamment conscience (insight) qu’au fil du temps, elles ne pourront plus être autonomes. Le centre de neurologie cognitive (CNADC) de l’Ecole de médecine Feinberg à l’Université Northwestern et la compagnie Looking Glass Theater, l’une des grandes troupes de Chicago (Illinois, Etats-Unis) testent l’intérêt d’un programme de huit semaines d’improvisation théâtrale pour améliorer le bien-être de ces personnes. Improv for Alzheimer, porté par une équipe nommée Memory Ensemble, s’intéresse au moment présent, « qui représente un lieu très sûr pour quelqu’un qui perd la mémoire », explique Mary O’Hara, travailleur social au CNADC : « penser au passé et essayer de se souvenir rend les personnes malades anxieuses ou même tristes de voir leur mémoire défaillir, et trop penser à l’avenir les rend également anxieuses ». Quand on improvise, il n’y a pas de texte, donc rien à retenir. « Il ne leur reste qu’à apporter leur potentiel créatif, et elles y réussissent remarquablement ». Pour l’actrice Christine Mary Dunford, responsable des débutants, « l’un des principes de base d’Improv, parfait pour travailler avec des personnes atteintes de démence, est le concept du oui : il est ainsi fondamental que, quelle que soit la réponse qu’une personne peut apporter, le reste du groupe doit y travailler ». Lorsque nous pensons à des personnes atteintes de démence, nous nous les représentons comme des personnes en train de perdre leurs compétences. Mais ici, elles apprennent aussi quelque chose de nouveau. Des résultats préliminaires, recueillis auprès des participants et de leurs familles par Darby Morhardt, professeur associé à l’université Northwestern, montrent une tendance à l’amélioration de la qualité de vie des participants, et les séances d’improvisation apportent un sens de réussite et de maîtrise de la situation (empowerment) chez les personnes malades au stade léger à modéré. L’un des participants déclare : « je ne suis pas sûr que ma mémoire soit objectivement meilleure, mais je suis certain que ma capacité à faire face à la perte de mémoire s’est améliorée ».